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  Vous le savez déjà certainement : Jean-Pierre et Luc Dardenne ont reçu vendredi soir dernier, le 12e Prix Lumière remis par le festival Lumière, à l'occasion de sa 12e édition- qui s'est achevé hier de façon un peu abrupte, couvre feu à 21h00  oblige-. 

Il faut dire que les frères Dardenne ont empreint le cinéma contemporain de leur regard puissant et immédiatement reconnaissable. 

Les Dardenne, cinéastes du réel et de la vérité, inscrivent leur oeuvre, film après film, dans l'héritage des frères lyonnais qui ont documenté la vie à la fin du XIXe.

Vendredi après-midi, avant de recevoir le Prix Lumière, Jean-Pierre et Luc Dardenne étaient sur la scène du Théâtre des Célestins pour évoquer leur cinéma.

  En amont de cette conversation, les « frères » ont invité deux personnes à s’exprimer sur scène, au nom des milliers de précaires, menacés par la situation sanitaire.

  Petit florilège des phrases les plus fortes de cette rencontre simple et forte à l'image du cinéma des deux frangins : 

" Lorsque l’on filme Rosetta, on essaie de faire en sorte qu’elle soit vivante."

Rosetta

"Nous ne faisons pas un cinéma militant à proprement parler. Nous nous intéressons à la singularité de chaque présence que nous filmons, nos personnages ne sont jamais des représentants car ils ne sont les représentants que d’eux mêmes."

"Je pense à vous est un échec salutaire  car on a compris à partir de ce film ce qu'on ne voulait plus faire."

"Le style vient en cherchant,  aussi avec  notre  cadreur.  Rosetta,  nous  nous  placions  derrière  elle  et  essayions de la suivre, on n’était pas en  avance  sur  son personnage. On ne sait pas où elle va, elle ne le sait pas elle-même, donc on construit le moins possible. Le jeune Ahmed  fait  la  course vers la mort et personne ne va l’arrêter, donc on sait qu’on va le filmer dans une sorte de course."

" Avant "la promesse", on voyait le cadre comme un vide à remplir. Depuis on met  la caméra au milieu de la scène pour rester collé au personnage et ne pas forcément filmer le personnage en entier." Le secret c'est qu'il n'y a pas de secret, notre obsession c'est que nos personnages ne soient  pas des modèles, des figures, et cette résistance s'incarne forcément dans notre mise en scène."

"Les essais costumes durent chez nous toute la durée des répétitions. Le fait d'éprouver ces costumes à ce moment nous permet de voir si le personnage commence ou pas à naitre."

"Nos fins de films sont souvent abruptes car on aimerait que le mouvement continue de vivre dans la tête du spectateur"

 

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 " Nous aimons regarder le monde et essayer de le comprendre à travers nos films, nous étions assaillis par cette réalité."

 "Avec le corps d’Ahmed, encore enfantin, nous pouvions exprimer une forme d’incertitude : il est prêt pour une violence terrible, mais, même pris dans les filets d’une religion radicalisée, il y a quelque chose en lui qui n’est pas figé. Il a des rondeurs qui lui restent de l’enfance, il est en train de changer."