Christine Pascal, qui avait d'abord été comédienne avant de se lancer dans la réalisation à la fin des années 1970 possédait une sensibilité exacerbée qui se sentait dans tous ses films et qu'on a tous compris lorsqu'elle a mis tragiquement fin à ses jours en 1996 à l'âge de 42 ans, stoppant net un parcours si singulier dans le cinéma français.
Sson quatrième long métrage, Le Petit prince a dit, est sans doute le film de la consécration.
Nommé plusieurs fois aux César en 1993, et lauréat du Prix Louis Delluc, le film raconte l'histoire d'un père qui décide sur un coup de tête d'embarquer sa petite fille pour un week-end improvisé sur les routes alors qu'il vient d'apprendre qu'elle était atteinte d'une maladie incurable.
Ce fut son plus grand succès critique et public, sorti en 1992, et elle réussit avec ce quatrième film un savant alliage de cinéma populaire (avec deux acteurs, Richard Berry et Anémone, figures incontournables à l'époque du cinéma français), de réalisme implacable et de plongée intime et personnelle dans des émotions difficiles à saisir .
Christine Pascal racontera, au moment de la sortie du Petit prince a dit, combien il fut difficile pour elle d'être reconnue comme réalisatrice.
Il faut dire qu'elle est sans doute une des premières actrices et cinéaste à s'être fait une place dans ce qu'on a appelé un temps le «cinéma du milieu», ce nom qu'on a donné pour qualifier ce cinéma à mi-chemin entre cinéma d'auteur et cinéma populaire, et qui fut longtemps exclusivement le territoire des hommes avant que d'autres femmes- Pascale Ferran, Anne Fontaine, Jeanne Labrune - ne s'en accaparent...
D'un sujet âpre et potentiellement tire larmes, Christine Pascal a fait un film sensible doux qui évite tous les écueils du genre (le mélodrame avec une enfant malade et des parents terrassés par la douleur), une œuvre profonde et complexe sur l'inéluctable, un road movie tendre et, sensible qui donne sans doute les beaux rôles de leurs carrères aux têtes d'affiche, Richard Berry et Anémone qui n'auront jamais été aussi bouleversants .
Sortie Blu Ray : 08/07/2020
Bonus & suppléments
Une certaine forme d'opacité : Interview inédite et passionnante du comédien Richard Berry, le seul du trio ( Anémone/ Christine Pascal) qui est encore parmi nous. Richard Berry insiste sur la personnalité hors des normes de Christine Pascal, qu'il aimait énormément pour cette dimension hors du consensuel et révoltée. Il confie que son agent lui avait déconseillé de faire ce film qu'il avait accepté uniquement sur le synospis par affection pour Christine Pascal, car le film ne ferait que 100 000 entrées au mieux, loin de ses succès populaires de l'époque. Il avoue aussi que Christine Pascal a mal pris que le film ne soit pas en sélection officielle au festival de cannes, ce que Gilles Jacob a regretté par la suite, militant pour que le film ait un son lot de consolation, le prix Louis deluc l'année d'après. |
Christine Pascal dont la sensibilité exacerbée se sentait dans ses films, a mis tragiquement fin à ses jours en 1996 stoppant net un parcours si singulier dans le cinéma français. Son 4e film Le Petit prince a dit, mélo poignant, .fut son plus grand succès critique et public pic.twitter.com/RCvxexFP2e
— Baz'art (@blog_bazart) November 13, 2020