Baz'art  : Des films, des livres...
4 décembre 2020

Rencontre avec la photographe Chantal Stoman pour le film Omecitta

 Le film a été diffusé en première exclusivité sur CINÉ+CLUB dimanche 29/11 à 19H40  : le formidable OMECITTA, qu'on a longuement défendu le mois dernier  continue a être diffusé sur la chaine* du groupe Canal.

On a eu la chance d'échanger avec son autrice, la photographe Chantal Stoman qui revient pour nous sur ce projet assez incroyable.

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 Comment avez vous pris attache avec cette ville japonaise si méconnue, Ome?

"J'avais dans la tête depuis quelques années le projet de réaliser un reportage sur les cinémas Art & Essais au Japon, un pays qui me fascine depuis longtemps et que j'ai visité de nombreuses fois .

Une amie m'a alors parlé de cette ville ,Ome dont certains blogs mentionnaient mais sans en faire plus que cela. 

Début 2017 , lors d'un voyage à Tokyo je prends le train et décide d'aller visiter cette ville située à deux heures de la capitale.

 J'avais 48 heures seulement pour rester dans cette ville  avant de reprendre mon avion pour Paris.

Immédiatement, je suis tombée en amour pour cette ville, comme on peut tomber en amour pour quelqu'un  : les  centaines de reproductions d’affiches de films placardées dans les rues  m'ont accroché l’œil dès que j'ai mis le pied sur le quai de la gare.  "

En 48 heures, qu'avez vous pu retenir de cette ville?

C'était un délai très court certes mais j'ai essayé  en ce timing serré de prendre le maximum de photos et d'interroger les gens J'en ai tiré un reportage photo que j'ai proposé au journal Le Monde.

Ce reportage a bien marché et ca a été ensuite le début de l'aventure du live photo et du film.

J'y suis ensuite retournée quatre fois en tout  pour le besoin du documentaire, on peut dire que j'entretiens avec cette ville avec lequel j'entretiens un lien tres fort comme avec ses habitants.

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Comment expliquer que cette ville si incroyable ait été si peu mise en avant au Japon?

Le lien que les japonais entretiennent avec le patrimoine ou la mémoire  n'est pas du tout le même qu'en France. 

Quand j'ai interrogé les habitants d'Ome, je me suis rendue compte que personne ne semblait prendre conscience du pouvoir attractif de cette ville. Cette ville avait une histoire qui n'a jamais été vraiment dévoilée. 

Du point de vue d'un européen, on a un peu de mal à concevoir cela quand on découvre la ville, mais culturellement, cela s'explique : la municipalité n'a jamais cherché à exploiter ce potentiel là car pour eux, la question ne se posait pas vraiment.

Mon film tourne autour de la notion de patrimoine et de mémoire du septième art, à travers cette technique de peinture des affiches de cinéma, mais les habitants n'avaient vraiment la conscience de cela avant que je ne les interroge dessus.

Il n'y a vraiment rien qui est fait autour de cette ville du  point de vue touristique. Figurez vous qu'il n'y a même pas un hôtel dans la ville à tel point que la première fois j'ai du dormir dans un monastère et les autres fois chez l'habitant ( rires).

Elles viennent d'où exactement, ces affiches de film ?

Au lendemain de la guerre, Ome comptait trois cinémas spécialisés dans la projection de films du monde entier.  

Les gens venaient de loin pour y voir des films alors inédits au Japon  : pour eux  le cinéma représentait une vraie passerelle pour comprendre ce qui se passait en Occident. 

Les  cinémas tenaient un role presque éducatif et les peintures en bois qui représentaient les affiches des films  raconte cette histoire là.

Puis dans les années 1970, la fréquentation a décliné, et les trois cinémas ont fini par fermer leurs portes, laissant comme seuls témoins de cette cinéphilie cette centaine d’affiches de films.

Des affiches réalisées par un peintre assez incroyable, Bakam, qui figure d'ailleurs dans le film et que j'ai rencontré lors de ma deuxième visite dans la ville ..

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Le projet photographique et cinématographique d'Omecitta sont pour vous différents ou complémentaires?..

 Vous savez les japonais parlent très mal anglais je n'ai donc pas saisi vraiment la portée de cette histoire lors du premier voyage.

Très rapidement, lors de mon retour en France , j'ai vraiment compris avec la traduction ce que me disaient les personnes que j'avais interrogé.

Je me suis alors dit qu'il y avait là un potentiel incroyable pour un film documentaire qui viendrait raconter, plus  encore que ne pourrait le faire un livre de photos,  l'incroyable histoire de cette ville.

Cette cité racontait toute l'histoire du cinéma et j'avais envie à mon humble niveau de raconter cette histoire singulière par le prisme d'une caméra ..

Il était essentiel pour moi de le raconter par des images en mouvement, qui viendraient poursuivre d'une façon différente mon travail de photographe.

Donc à mes yeux, ces deux projets sont des oeuvres assez différentes qui se complètent  totalement l'une avec l'autre.

 

* le  dimanche 06/12 à 3H55 et le mercredi 16/12 à 5H10.

Retrouvez l'ensemble des oeuvres et  projets de Chantal Stoman sur son site 

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