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 "Il y a des enfants qu'on sauve, a dit la femme, et alors dans tout le service c'est une fête, pendant plusieurs jours l'étage entier vibre de l'euphorie des parents et de l'équipe, tout le service est fier, dans ces moments il n'y a pas de métier qui procure le centième de l'émotion que procure le centième de l'émotion que procure le nôtre. Et puis il y a des enfants  qu'on perd et vous ne pouvez imaginer que ce que ca fait, le désespoir qu'on en éprouve, la colère contre le vie entière, contre la saloperie du monde, la tristesse, la rage, l'infinie envie de tout envoyer paitre."

 Dans "Les orages", un recueil d'histoires  paru le  7 janvier aux éditions Gallimard, on retrouve  avec énormément de  plaisir la plume Sylvain Prudhomme qui nous avait enchanté avec Par les routes, lauréat mérité du Prix Fémina 2019.

 Dans ce recueil de treize  nouvelles sensibles et délicates comme des gouttes de pluie, Sylvain Prudhomme insiste sans en avoir l'air  sur ces instants d'une vie où la vie bascule sans qu'on n'en s'en rende vraiment compte. 

A travers une écriture épurée, dépouillé, sobre, mais qui sait bien se ménager petites bulles de poésie et autres brins de tendresse, Prudhomme cible ces  petites tempêtes personnelles et tourments intérieurs -deuil, maladie, vieillesse, peur...- qui peuvent transformer  à jamais nos existences d'êtres humains...

 Sylvain Prudhomme raconte si joliment ces moments d'abandon, lorsque nos orages intérieurs  réveillent nos angoisses enfouies profondément en nous.  

"Quel est ce bonheur qui me fait trembler,  qui me redonne force et vie?  Je me sens délivré. Tout me semble bon, tout a un sens. Tout est vrai". Cette phrase de Fédérico Fellini; citée en préambule de ces tempétueux "Orages" prouve à quel point Sylvain  Prudhomme donne à l'art- littérature et cinéma  notamment des facultés exceptionnelles, tel un pansement tres efficace à poser sur nos cicatrices intérieures et autres fêlures intimes.

Sylvain Prudhomme : "L'auto-stoppeur est la métaphore de celui qui s'abandonne à ce qui vient"

 

 Un très beau recueil de textes courts mais percutants,  dont la beauté nous frappe en plein coeur : une lecture idéale pour se réjouir déjà de cette nouvelle année !

★★★★

 Les orages, de Sylvain Prudhomme, Gallimard, «L’arbalète», 174 p., 18 €. Gallimard

  *Le metteur en scène de 8/12 et la Strada fait aussi l'objet de l'avant dernière nouvelle,