Gérardmer 2021 /Sleep/ Prix du Jury: bienvenue dans un hôtel- très- particulier
Venu tout droit d'Allemagne, "Sleep" de Michael Venus, présenté l'an dernier à la Berlinale et cette année en compétition au Festival du film fantastique de Gérardmer, nous plonge dans des cauchemars prompts à faire ressurgir les fantômes du passé. Un cauchemar Glacant et atypique !
Stainbach, est un endroit quelque part en province allemande, entouré de forêts dans une province allemande et son grand hôtel Sonnenhügel, quelque peu vieillissant.
Marlene- jouée par une Sandra Huller qu'on est content de retrouver après Toni Erdmann, même si on rôle passe vite au second plan- reconnaît l'hôtel dans une publicité comme le lieu sombre de ses cauchemars qui la tourmente depuis longtemps elle part pour Stainbach.
Là, elle va découvrir que le suicide de trois hommes dans cet hôtel qui peuple ces cauchemars n'a pas eu lieu uniquement dans ses rêves. Lorsqu'elle tombe dans la torpeur et se trouve à l'hôpital , sa fille Mona va enqueter pour découvrir les sombres secrets de l'hôtel et chercher à savoir d'où viennent les cauchemars de sa mère.
Il devient vite évient pour Mona que ni dans ses couloirs abandonnés et ses locaux vacants, ni avec l'étrange couple de propriétaires Lore et Otto , quelque chose de très enfoui de grave a été dissimulé et ne demande qu'à revenir à la surface, mais cela se fera au prix de souffrances physiques et mentales incontournables
Le premier long métrage de Michael Venus sorte de réécriture féministe et contemporaine de Shining auquel on pense forcément , avec ce hôtel majestueux et isolé dans la forêt comme lieu évidemment anxiogène met en évidence l’impact des féminicides dues aux violences masculines sur plusieurs générations .
L' hôtel de province abandonné et angoissant où se déroule la quasi intégralité du film montre des vivantshantés par des fantômes du passé qui n'ont pas de voix et qui demandent réparation
Autour de deux personnages principaux, la mère et sa fille, toutes les deux en proie à des visions cauchemardesques., Michael Venus réveille les vieux démons de son pays qui ne veulent que la tyrannie d'une société patriarcale leur rende des comptes .
Pensée comme un véritable puzzle, l'intrigue multiplie les pistes et les inserts, et pourra dérouter et perdre son spectateur .
Bien plus cérébral qu'instinctif, le film, plus proche du cinéma de David Lynch que de la saga de Freddy ( deux films qui s'interessent aussi aux cauchemars) montrent bien comment les mauvais reves se mêlent à la réalité et que le présent rencontre le passé.
Une belle idée originale, avec une thématique du sommeil et des cauchemars à tiroir qui les peuplent bien exploitée . Michael Venus insiste bien sur la difficulté de distinguer le rêve et la réalité
Il le fait par le biais d'une mise en scène particulièrement soignée jouant sur une lumière angoissante et sur un travail sur le son réussi- alternant silences pesants et jump scares bien dosés, proposant au spectateur une expérience sensorielle pleinement maitrisée.
Si l'intrigue nous perd parfois un peu dans ses méandres et certaines langueurs , le dénouement parait moins abscons que dans un film de Lynch et on ne saura trop conseiller le spectateur de se laisser porter dans cet hôtel aux surprises étonnantes.
Sleep réalisé par Michael Venus, avec Gro Swantje Kohlhof, Sandra Hüller, August Schmölzer...
Prix du Jury ax equo Sortie salles prévue prochainement.
★★★★
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