Baz'art  : Des films, des livres...
2 février 2021

L'avantage : jeu set et match pour Thomas André !!

 

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 « Je ne pensais à rien de spécial, je me contentais de renvoyer la balle, en me concentrant sur mon jeu de jambes et la fluidité de mon bras. À certains moments, je me sentais presque liquide, un peu flou ».

Sport joué autant de la bourgeoisie que par le peuple; drainant son lot de stratégies retorses et d'introspection, le tennis charrie avec lui une dimension romanesque indéniable.

Même si la boxe, autre noble sport individuel, a sans doute eu plus eu les faveurs des grandes plumes de la littérature, certains écrivains notoires comme  Guy de Maupassant, Alphonse Daudet, Paul Bourget et plus récemment Lionel Shriver ou Bruce Mathieussent  ont tous mis une bonne dose de petite balle jaune dans leurs fictions.

Avec son premier roman L'avantage, le jeune Thomas André  marche dans les pas de ses illustrants ainés en faisant de son personnage principal, Marius, adolecent de  16/17 ans- comme il est dit à un moment du livre-, un joueur de tennis amateur  qui participe lors d'un été à un tournoi dans le sud de la France.

Le temps de cet été caniculaire, entre parties plus ou moins disputées, Marius, cherche un sens à son existence  : il séjourne avec  son ami partenaire de tennis Cédric et Alice, la soeur de ce dernier,  dans la maison de vacances de leurs parents.

Entre complicité rivalité avec Cédric, jeux ambigüs avec Alice et matches qu'il continue de gagner sans donner l'impression d'y croire vraiment, Marius donne l'impression d'être un peu extérieur à lui même;, un peu comme le Merusault de l'étranger de Camus. 

 

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« J’ai mis un sachet dans le fond de ma tasse, avant de verser l’eau chaude. Je me sentais fatigué, mais mon cerveau continuait de vrombir. Je me suis brûlé la langue en buvant la première gorgée et, en attendant que ca refroidisse, je me suis assis sur le bord de la piscine. Il y avait des petites bestioles qui flottaient à la surface. J’en aidé une à sortir, en la recueillant dans ma paume. Elle s’est secouée et s’est envolée. J’aurais bien aimé que la chouette se manifeste mais elle n’était toujours pas là. »

En tant que joueur de tennis  ( très) amateur et passionné de petite balle jaune depuis ma tendre  enfance,  il m'était impossible de ne pas être soufflé par le sujet de ce roman et surtout par le brio de Thomas André à restrancrire les alternoiements d'un jeune homme à un moment charnière de son existence .

Des instants a priori anodins ( un revers qui reste dans le filet, une pizza que l'on mange dans un camping abandonné) qui se mélangent à d'autres évenements plus importants (un accident de voiture, la perte de son pucelage) que le personnage principal semble   vivre avec le même détachement, mais qui touche par leur justesse et leur force.

Contrairement à certaines fictions sur le sport, où les scènes non sportives semblent être juste là pour remplir les trous, les séquences de compétition  et celles de la vie de tous les jours se mélangent  pleinement dans l'Avantage et affichent une belle cohérence qui force l'admiration.

Thomas André réussit, sans doute plus que nul autre pareil, à toucher du doigt ces sensations éprouvés  par un joueur de tennis en pleine gamberge,  sensations que le lecteur ressent au centuple et  qui perdurent longtemps après la lecture.

« Quand j’étais gamin, je n’arrêtais pas de perdre des matchs pourtant faciles sur le papier. Un jour, j’avais peut-être douze ans, mon coach m’a dit que j’étais une fiotte et j’avais commencé à pleurer, devant lui. »

Thomas André  réalise avec ce roman déceptif sur l'échec un prodigieux  travail  sur le  verbe.

Il parvient, sur chaque page,  à trouver le mot juste, épuré, sans le moindre  gras, à la manière des très grands romanciers américains  dits "behavoristes" comme Hemingway  auquel on ne peut s'empêcher de penser à lisant l'Avantage...

L'avantage est un premier roman extremement prometteur qui, malgré de longues descriptions de passages de matches de tennis qui raviront les fans de petite balle jaune, devrait aussi enthousiasmer  les autres, tous ceux qui sont simplement en recherche de nouvelles grandes plumes de la littérature contemporaine. 

On ne sait pas grand chose sur ce jeune romancier, mais on a échangé très récemment avec lui, et on revient vous en parler très prochainement !

 Thomas André, L’Avantage, éditions Tristram, janvier 2021, 162 p., 17

 

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