Le Canadien Sean Durkin auteur en 2011 de l'excellent « Martha Marcy May Marlene » prix de la mise en scène au Festival du film Sundance en 2011, revient avec The Nest, deuxième long-métrage qui arrive sur Canal Plus auréolé du Grand Prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2020.
Le film met en scène un couple qui vit semble t il en harmonie dans la banlieue huppée d'une grande ville des Etats-Unis au milieu des années 50.
Ils décident de partir pour l’Angleterre où ils emménagent dans un nouveau chez soi, un manoir isolé assez immense, dans la très grande banlieue de Londres, un antre que la femme du couple va vite voir comme une maison inhospitalière et qui va en fait progressivement sonner le glas des ambitions du couple.
Sean Durkin nous montre la lente déliquessence d'un couple dont la trajectoire tend vers une tragédie prévisible et inéluctable.
Tandis que les projets mégalomanes du mari vont peu à peu s'effondrer, le couple, qui menait avant le grand train, devient sévèrement désargenté et n'est plus en mesure de donner le change dans la société anglaise basée sur les faux semblants.
Mais à la manière d'un thriller domestique qui lorgne vers l'horreur, Durkin insiste sur la facon dont le nid en apparence douiller voit se mutliplier des phénomènes qui restent obstinément inexpliqués : une porte qui refuse de rester verrouillée, ou le cheval d’Allison, Richmond, très peu enclin à accepter la maison avant un destin funeste.
Allison va vite prendre l'image d'une femme tourmentée comme dans certains Polanski et dans ce role peu évident Carrie Coon, l’actrice principale, aux faux airs de Cate Blanchett, y livre une prestation assez remarquable .
La mise en scène particulièrement élégante, qui sonde au scalpel la descente aux enfers de ce couple, porté par le travail du chef opérateur hongrois Mátyás Erdély - Le Fils de Saul-, qui soigne particulièrement ses lumières pour intensifier le coté anxiogène de cet home plus si sweet home que cela .
Malgré ces qualités évidentes, le film, qui suscitait chez les cinéphiles des attentes particulièrement élevées, décoit un peu à force de garder un coté froid, clinique, très distancié et conduire un récit finalement assez prévisible, là où on aurait aimé sans doute un peu plus d'intensité et de complexité .
Un résultat en demi teintes, mais qu'on ne boudera toutefois pas, vu la pénurie de longs métrages inédits interessants qu'on peut découvrir en ce moment .
THE NEST de Sean Durkin
Le film bénéficie du label cinéma Canal + Première
avec Jude Law, Carrie Coon, Charlie Shotwell… 1 h 47.
Diffusion sur Canal+, le mardi 9 janvier à 21 h 05.