"Les trains tout cassés ressemblent à des rescapés de la guerre, ils sont blessés mais pas encore morts. Par contre ceux qui sont restés entier sont tres longs. On en voit le début mais pas la fin. Magdalena a promis que nos mamans viendraient nous dire au revoir avant le départ mais à mon avis, quand elle nous verront, elles ne nous reconnaitront pas."
Après la seconde Guerre Mondiale, l'Italie plonge dans une crise sociale d'une grande ampleur; crise qui affecte surtout le Sud du Pays, qui vit sous une très grande précarité.
En 1946, le Parti Communiste propose aux familles du Sud et notamment celles de Naples d'envoyer leurs enfants dans le Nord chez des familles qui peuvent les accueillir pendant l'hiver.
Mais en privant ces enfants de leur familles natales, les autorités ont surtout dans l'esprit de les formater et d'en faire bons petits italiens obéissants.
Le jeune Amerigo, qui fait partie d'un des convois, a été placé chez une femme célibataire du Parti Communiste
.Amerigo est tiraillé entre le nord et le sud et entre les liens du sang et celle de sa famille d’adoption.
Basé sur des faits historiques véridiques, ce roman historique, qui a eu beaucoup de succès en Italie, a le grand mérite de dévoiler un pan d'histoire inconnu du coté des Alpes .
"Le train des enfants", troisième roman de Viola Ardone, et le tout premier traduit en France, nous montre comment le choix d'une vie peut être aussi celui de l'abandon et du renoncement des liens du sang à travers l'histoire d'un amour manqué entre fils et sa mère .
Viola Ardone nous fait confronter la vision ingénue de l'enfant qu'était Amerigo, au regard, plus amer, voire acide, porté par au regard de l'homme qu'il est devenu adulte.
Heureusement, dans cette vision pleine de nostalgie et de regrets , des lueurs d'espoir et des élans de solidarité affleurent et l'histoire du petit Amerigo permet à la romancière en premier lieu de lever le voile avec beaucoup d'empathie et d'humanité sur une sombre période de l'histoire de l'Italie.
Le train des enfants, Viola Ardone
Publié en Janvier 2021 chez Albin Michel, traduit par Laura Brignon, 304 pages.