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" Il était persuadé de posséder les seules histoires méritant d’être racontées, et il n’avait jamais compris ce que ma mère avait fui toute sa vie pour la seule raison qu’elle était née femme. La vérité s’aigrit si elle s’attarde trop longtemps dans nos bouches. Les histoires, comme les bouteilles de moonshine, sont faites pour être distribuées. »

Dans cette semaine découlant du 8 mars, on a envie de mettre en avant des romans écrits par des romancières qui nous ont profondément marqué ces derniers temps  cest le cas pour ce roman " Les femmes n'ont pas d'histoire " 

Il est l'oeuvre dune romancière, l'américaine Amy Jo Burns qui pour son premier roman , frappe très juste fort en situant l'intrigue de son roman dans les Appalaches  entre rivière et montagnes,  une terre chère à un écrivains comme Ron Rash  qui en  a fait son royaume. 

 

Ici, dans le roman  Amy Jo Burns on est en plein coeur de Appalaches  dans une zone un peu désoeuvrée que l'on appelle la Rust Belt,  mais plus qu'aux romans de Rash, on pense surtout pendant notre lecture à ces romanciers américains plutôt récents qui sondent l'’Amérique profonde, des laissés pour compte comme les formidables  David Joy ou Michael Farris Smith, romanciers publiés en France chez Sonatine comme la primo romancière américaine.

Elle n'a pas vraiment belle mine, cette terre  des Rust Belt vue par le prisme du regard d'Amy Jo Burns, cette terre dans laquelle le whisky de contrebande et les hommes, souvent très pieux, qui le trafiquent  font la loi, où  comme le titre du roman lindique, les femmes n'ont pas d'histoire. 

Élevée dans l'ombre de son père, un prêcheur charismatique mais violent la jeune  Wren,  comme du reste sa mère avant elle, semble suivre un destin tout tracé dans l'ombre des hommes .

Jusqu'au jour où un évenement particulier va  lui faire prendre son destin en main . Est-ce que finalement tout ne serait pas écrit à l'avance? 

"T'as jamais eu envie de t'échapper? ai-je demandé. Et de quitter ce monde pour un monde meilleur?"
Caleb a secoué la tête."Y a qu'un seul monde.""

Amy Jo Burns : miracles vénéneux

Dans cet épatant roman initiatique, on  suit deux générations de femmes qui tentent de devenir elles-mêmes dans un pays en pleine désolation, et régie par des société patriarcales .

Dans ces paysages sauvages et magnifiques, nagent en eaux troubles des protagonistes  aussi abîmées que prometteuses.

« Leurs mères avaient bercé Ivy et Ruby du même refrain depuis leur plus tendre enfance : les filles audacieuses devenaient des filles faciles, et les filles faciles, on les brise. »

Amy Jo Burns décrit ces vies brisées et corsetées qui tentent de s'accrocher aux branches et de s'affranchir des diktats avec énormément de talent, avec une plume pleine de désillusions, et en même temps pleine d'une poésie qui ne dit pas son nom.

Surtout, la romancière réussit largement à éviter l'écueil du sensationalisme et du misérabilisme et son récit fulgurant annonce à coup sûr la naissance d’une auteure au talent incontestable.

« Les femmes n’ont pas d’histoire », éd. Sonatine, 300 pages, 21 euros.

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