Une scène bucolique presque enfantine, suivit d’une scène étrange et dérangeante, un prologue inquiétant pour préparer le spectateur à la vision d’un polar Kazakh, surréaliste, parfois drôle, et pourtant terriblement noir.
Un crime pédophile et la fabrication d’un faux coupable.
L’idiot du village, un meurtrier idéal qui se “suicidera” dans sa cellule comme les trois autres prétendus coupables des crimes précédents.
Une manière efficace de couvrir un notable haut-placé dans ce coin reculé d’Asie centrale. Ici que vous soyez puissant ou misérable la justice est différente car la corruption est un art de vivre, une habitude quotidienne.
Mais tout de même, quatre garçons pré-pubère violés et assassinés et trois assassins arrêtés et suicidés cela commence à devenir une affaire remarquable pour l’inspection générale du pays.
Bekzat, le triste flic corrompu, se demande comment suicider son prisonnier si Ariana, la jeune journaliste de télévision venue de la ville, lui colle au basque.
L’ordre et la loi en panne, comme les voitures que les protagonistes n’arrêtent pas de pousser.
Intimidation, corruption, justice sauvage, pourvu que le bureau de police ferme à dix-huit heures et que l’on puisse rentrer tranquillement chez soi.
Contemplatif, absurde, ironique, engagé, “A dark, dark man” est un western d’Eurasie, un Eastern donc, à la violence poétique. Adilkhan Yerzhanov, cinéaste venu du Kasaksthan est un réalisateur très talentueux avec un univers qui ne ressemble qu'à lui même.
De belles images, une mise en scène travaillée, un beau film sur lequel plane l’ombre du génial Aki Kaurismäki.
A DARK DARK MAN sort en DVD ce 17 mars 2021 chez ARIZONA FILMS.