Revue de trois films vus au Festival du cinéma espagnol de Nantes
Le Festival du Cinéma Espagnol de Nantes s'est déroulé en ligne du 25 mars au 4 avril, avant plusieurs rendez-vous physiques prévus normalement en salles en mai et juin prochain.
Sept longs métrages étaient en lice dans la compétition Fictions.On a eu la chance de voir trois films des sept présentés en sélection, juste assez pour nous donner un petit aperçu des tendances du cinéma ibérique du moment ..
On revient dessus dès à présent :
1/ Este lado del mundo :David Trueba 2/5
Un jeune ingénieur a caché à son épouse le licenciement qu'il a subi dans l'entreprise où il travaillait. Pour continuer à le dissimuler, il n'hésite pas à accepter une mission de free lance en dehors de la ville sans rien savoir dessus, et qui va le mettre en contact avec la réalité de l’émigration clandestine
Un protagoniste un peu lache et ordinaire qui va voir changer son regard sur le monde, au contact d'une population qu'il ne connaissait pas: l''intrigue, un peu convenue sur le papier, ne vaut guère mieux mis en scène par le neveu du célèbre cinéaste Jonas Trueba.
Le film, particulièrement modeste dans la forme et le propos, enchaine les séquences très plates à l'image de son anti héros joué par un Vitor Sanz assez terne.
Ni vraiment drôle ni vraiment émouvant Este lado del mundo : de l'autre coté du monde se laisse oublier aussitot vu...
2/ Las niñas de Pilar Palomero 3/5
On passe à un niveau nettement supérieur avec Las ninas- les filles, auréolé par ses quatre Goya 2021 (meilleur film, meilleure mise en scène, meilleur scénario original et meilleure photographie) et passé par la section Generation KPlus de la Berlinale 2020.
L’action se déroule : pendant les années 1990 en Espagne, et sera filmé tout du long à hauteur d'enfant et fait penser au mythique Cría cuervos de Carlos Saura.
Comme le chef d'oeuvre de Carlos Saura, le film raconte des intimités adolescentes, des conflits familiaux, des climats sociaux et des émotions contenues dans une époque encore entravée par une mentalité héritée des années obscures du franquisme.
La réalisatrice évoque le monde infantile avec une authenticité bienvenue sans rien édulcorer de la peinture d'une société assez contradictoire qui continuait d’éduquer ses futures femmes dans un machisme assumé et accepté, dans la répression sexuelle et le conformisme.
On colle aux basques de la très jeune et très douée Andrea Fandos) qui va changer en une année et acceptera moins les mensonges et silences de sa mère et commencera à se rebeller dans ce collège de bonnes sœurs où elle étudie.
Si le film manque parfois d'un vrai climax et de séquences un peu plus marquantes( à part l'ouverture et le final qui se répondent joliment), il n'en reste pas moins un récit initiatique touchant et sincère.
3/El arte de volver - Pedro Collantes 4/5
On finit par celui qui nous aura le plus marqué des trois, el arte de volver, (l'art de revenir) , le premier long-métrage de Pedro Collantes, sélectionné à l’atelier Biennale College (saison 2019/2020), ce qui lui a valu de projeter son premier film cette année à la 77e Mostra de Venise,
Le personnage central, Noemí va rencontrer différents personnages au cours de 24 heures qui suit son retour à Madrid, elle qui a vécu à New York pendant quelques années
D''une visite à un grand père proche de mourir à une promenade au parc avec un fucking friend à un vernissage d'une amie qui va la trahir, en passant par un échange poignant avec un chauffeur de taxi roumains, ces rencontres permettront de mieux définir Noémie, par très petites touches.
Noemi va se rendre compte que ses rencontres même les plus anodines vont forger sa personnalité et vont l'aider à faire un choix, celui de repartir ou de s'installer définitivement dans sa ville natale.
A la manière du récent "Eva en aout, " le film possède une dimension rohmerienne évidente, avec des séquences de longue durée, se superposent comme des séries de coups de pinceau qui dessinent avec finesse les états d'ame de cette comédienne en transition existentielle et professionnellle.
Ces différentes rencontres, inattendues ou catharsistiques permettront à Noémie de revoir ses objectifs, qu’elle croyait avant inamovibles, et de trouver enfin sa place. ,
Le spectateur se laisse peu à peu prendre par l’atmosphère toute en mélancolie et en bienveillance du film ainsi qu'à la personnalité complexe et attachante de Noemi , interprétée par l'éblouissante Macarena García..,
Une bien jolie surprise..
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