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 -        « Ce que je crois, c’est qu’on s’en fout de savoir qui ils sont. L’important c’est ce qu’ils vont faire, et ils l’ont dit clairement. S’ils entrent ici et qu’ils s’aperçoivent qu’on n’a pas la fille…

 

-        -Ils se débrouilleront pour qu’on leur dise où elle est. Je sais.

-        Alors vous savez aussi ce qu’on a à faire. Elle serra plus fort.

-        Franck dégagea sa main. « On a ce qu’ils veulent. Ça nous donne un avantage. Vous voulez vraiment qu’on risque de le perdre ? »

-        Je ne veux pas risquer de savoir ce qu’ils vont nous faire si on ne la leur donne pas. »

 Lorsqu’une jeune femme recouverte de sang sort de sa voiture pour venir  s’effondrer juste devant sa station-service, en plein cœur du bush australien, Franck , quinquagénaire mutique qui y vit avec sa petite fille, se doute qu’’il a mis les pieds dans un nid d’emmerdements ….

Franck n’imagine toutefois pas à quel point la nuit qui vient sera sanglante et terrifiante et que les hommes qui courrent derrière cette jeune femme n'ont aucune intention de faire de cadeaux à Franck ni à tous ceux qui sont avec lui dans cette station service de tous les dangers .

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Quand la nature, a priori somptueuse, devient particulièrement hostile et que les autochtones qui y habitent sont des rednecks sans aucune moralité qui ne pensent qu’à prendre un plaisir sadique à faire souffrir horriblement de pauvres citadins apeurés, forcément,  on pense au chef d’œuvre de Boorman du début des années 70, Délivrance et tous les autres survival movie qu'il aura engendré par la suite ..

 Et quand la nature dite hostile n’est autre que le bush australien, ses déserts à n’en plus finir et ses villages aussi inhospitaliers qu’inquiétants, le Cul de Sac de Douglas Kennedy, n’est forcément pas très loin non plus…

Pas étonnant alors que ces deux références soient convoquées dans le quatrième de couverture (qui a dit que les éditeurs étaient parfois un poil prévisible?) de La chasse, le premier roman du jeune (même pas trente ans) romancier Gabriel Bergmoser  qui ose un huis clos particulièrement oppressant et terrifiant dans des paysages qui s’y prêtent follement.

L'Outback et le bush australien, entre mort et désolation – Moi Caméléon

  Traque à l’homme (et à la femme aussi) où seule compte la loi de la jungle pour survivre à la monstruosité humaine, Bergmoser maitrise parfaitement son style pour rendre son premier polar aussi addictif qu’étouffant.

Mélangeant des retours dans le passé et le présent, et deux histoires  en parralèle qui vont se rejoindre à un moment clé de l’histoire, le jeune romancier réussit à nous tenir en haleine jusqu'au bout même pour ceux qui ont déjà lu et vu plusieurs histoires similaires.

Brut, nihiliste, aux scènes d’action très rythmée et parfois gore juste ce qu’il faut cette course contre la montre nous laisse jamais reprendre notre souffle.  

C’est dire toute la jubilation que l’on peut ressentir devant ce roman très noir qui, c'est son seul défaut, ne donnera pas forcément envie de partir en vacances dans le bush australien.....

Cela tombe bien, vous me diriez car en ce moment, les voyages très lointains n'ont pas forcément la carte... 

 La chasse - Gabriel Bergmoser - Sonatine -18 mars 2021