Viggo Mortensen était venu le présenter à Lyon au festival Lumière, non sans une vraie modestie mais une certaine fierté en bandoulière, en octobre dernier- entre deux confinements- : Falling est à près de 60 ans son premier film où il passe derrière la caméra .
Falling est en effet son tout premier long-métrage en tant que réalisateur, basé sur un scénario écrit par ses soins.
Comme on ne fait pas le même premier long à 60 ans qu'à trente ans, l'acteur du Seigneur des anneaux y raconte l’histoire d’une famille, et notamment les relations très intimes entre un père et son fils.
Bien que FALLING ne soit pas entièrement autobiographique, Viggo Mortensen, scénariste et réalisateur du film, offre, à travers cette histoire, un regard assez révélateur sur un tournant de sa vie d’artiste.
Il a choisi une histoire universelle, celle des relations père-fils, nourrie de ses propres sensations intimes, notées au retour des obsèques de sa mère, alors que son père commençait à être atteint par la démence et lorsqu'il s'est rendu compte que la fiction lui permettra de toucher du doigt la vérité des souvenirs intimes .
Il s 'est ainsi rapidement rendu compte que seule la fiction pouvait lui permettre d’être plus proche de la réalité de ses souvenirs.
Diminué par la démence qui le talonne, le père de son intrigue est amer et particulièrement peu bienveillant envers ses proches ( formidable composition de Lance Henriksen) , enfants et petits enfants compris.
Il oppose sa fureur, son homophobie et son racisme latent à la détermination de son fils, qui encaisse, coûte que coûte jusqu'au point de non retour.
Il faut dire que tout ou presque les différencie, voire les oppose : génération, mode de vie : urbain et progressiste pour l’un, rural et conservateur pour l’autre.
Si cette opposition de style est parfois un peu appuyée, et peut sans doute donner l'impression de tourner un peu en rond aux trois quarts du film, Falling emeut néanmoins durablement le spectateur.
Les atouts de son long métrages sont évidents: on pense notamment aux beaux allers retours entre passé et présent, qui sont souvent très finement orchestrés, à cette mise en scène parfois contemplative ,amoureuse de la nature, proche d'un Terence Malik et plus globalement à la profonde réflexion sur l'acceptation et le pardon que Viggo Mortensen entreprend et réussit à peindre par petites touches.
Son Falling s'avère au bout du compte une puissante odyssée familiale, entre rires et larmes, qui prouve l'immense brio d'un artiste au talent multicarte qu'est Viggo Mortensen.
Falling
Royaume-Uni, Canada, Danemark, 2020, 1h52, couleurs
Réalisation & scénario : Viggo Mortensen
Interprètes : Viggo Mortensen (John Peterson), Lance Henriksen (Willis), Laura Linney (Sarah), Hannah Gross (Gwen), Terry Chen (Eric), Sverrir Gudnason
Sortie en France : 19 mai 2021
Distribution : Metropolitan Filmexport
On vous propose des places pour le voir ici même .
Vu #falling le beau premier long métrage de Viggo Mortensen- en salles le 19 mai-.. un portrait sensible et parfois cruel d'une relation entre un père et un fils qui n'ont jamais réussi à se comprendre et représentant deux Amériques totalement divisées et déchirées pic.twitter.com/WdHnv3Ocmy
— Baz'art (@blog_bazart) May 5, 2021