Dans tous ses documentaires, et notamment dans le frappant "Pescatori di corpi » en 2016, le cinéaste Michele Panetta s'est toujours intéressé à des personnages marginaux, invisibles aux yeux de la société et toujours dans une Sicile bien loin des clichés touristiques.
Dans Il Mio Corpo, son nouveau long métrage, qui clôture une trilogie sur la Sicile, Panetta choisit une option originale, celle de mettre en parallèle deux personnages, Oskar, un jeune adolescent qui travaille pour son père en récupérant des métaux issus d'une mine de souffre et Stanley, jeune migrant Nigérian à qui son titre provisoire de séjour permet différents travaux sous la coupe d'un curé.
Les deux protagonistes du film vivotent tant bien que mal et le documentariste italien alterne de façon assez égale entre ces deux tranches de vie, montrant à quel point la représentation de la pauvreté peut prendre des formes diverses.
Evitant le misérablilisme et avec un soin apporté à la lumière et à la photo qui subliment l'environnement ambiant, "Il Mio Corpo" peut cependant, et parfois faire ressentir au spectateur réticent au cinéma contemplatif sans doute un peu d'ennui.
Toutefois, le film, parsemé de détails réligieux- la découverte de la statue de la Vierge dans la décharge au début du film, . ou le très beau Stabat Mater qui résonne à la fin, joue fort habilement de la frontière poreuse entre documentaire et fiction.
La rencontre finale entre les deux héros du film qu'on imagine scénarisée par le metteur en scène rajoute un peu de poésie à ce beau Il Mio Corpo qui touche par sa grande qualité formelle et l'intelligence de ses partis pris.
Sortie en salles le 26 mai 2021 distribué par Nour films