9782081516045

 
"Nuque basse, je m'avance.Le chauffeur m'accueille d'un sourire et sans lui rendre la pareille, je le suis sous le regard de curieux qui s'interrogent sur mes affaires. Oh si vous saviez. Celles ci sont d'une importance capitale"

 Julien Dufresne-Lamy avait conquis le public et la critique avec son quatrième roman  "Jolis jolis monstres "  dans lequel il réhabilitait avec énormément de talent et de poésie les marginaux et les laissés pour compte de la société, dans une fresque chorale et américaine.

Il avait continué à nous séduire avec MON PÈRE, MA MÈRE, MES TREMBLEMENTS DE TERRE  lors de la dernière  rentrée littéraire 2020, chronique familiale et  écrit sur l'acceptation, de soi et des autres , vu très joliment à hauteur d'enfant.

En ce printemps 2021,  il met  temporairement on l'imagine de coté la fiction et nous livre un récit personnel sur les problèmes liés au chute de ses cheveux qui le font souffrir depuis longtemps.

En se battant becs ( mèches?) et ongles  contre son alopécie, nom scientifique pour qualifier la calvitie, qui l'étreint depuis de longues années, Julien Dufresne-Lamy  sonde  la place que le cheveu peut tenir dans nos vies.

"Sauf que dans ma famille, aucun homme ne fut ou n'est chauve. Ni chez les uns ni chez les autres . Je suis une énigme génétique."

 

Julien Dufresne-Lamy : « J'ai vécu la chute de mes cheveux comme une maladie »

 

Il nous explique surtout en quoi ce combat, contre ces cheveux qui disparaissent peu à peu,  est aussi un combat contre ses propres failles et  un chemin pour réussir ce que nous cherchons tous au fil de notre vie : l’acceptation de soi et cette nécessité de réussir a s'accepter tel que l'on est sans craindre le regard d'autrui.

Plus qu'un récit sur la perte de sa chevelure, . "Antichute" est surtout un livre sur l'identité  et le mal être que cette maladie a pu causer sur et surtout sur  l'image déficiente qu'il avait de lui .

Alors qu'un homme a toujours du mal à avouer ses failles et ses complexes, Julien Dufresne Lamy se met à nu pour confesser sans misérabilisme ni faux semblants la honte de ce crâne qui se dégarnit.

Il décrit  également dans le  détail  avec humour et angoisse aussi son séjour à Istanbul, sorte de  supermarché des hommes dégarnis, bien moins cher qu’une opération réalisée en France [entre 1 500 et 4 000 euros en Turquie contre 10 000 euros en France] pour tenter de récupérer ses cheveux, ainsi qu'au passage, l'estime de soi qu'il avait perdue en route.

Même si les très peu chevelus que nous sommes peuvent penser parfois que Julien coupe un peu les cheveux en quatre cet  Antichute autant   touchant que cocasse nous renvoie une image plus personnelle et toujours aussi touchante de son auteur ! 

 
« Antichute »,paru Flammarion le 31 mars (256 pages, 19,90 euros).