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Présentation : 
Ni fleurs ni couronnes est l'un des premiers titres de Maylis de Kerangal, paru aux éditions Verticales en 2006. 
La plume de la romancière de Réparer les vivants  se déploie avec brio et poésie dans ces deux magnifiques récits.

 Le premier récit qui donne son titre au volume, se situe en Irlande, en 1915. Rescapé d'une famille décimée par la pauvreté, Finbarr Perry tente de s'embarquer pour les États-Unis. Il va être le témoin du naufrage du Lusitania, torpillé par un sous-marin allemand. Accompagnée d’une inconnue, il part alors en mer repêcher les noyés.

Le second récit, Sous la cendre, se déroule dans l'Italie contemporaine. Été 2003, une expédition nocturne s’organise sur les pentes du Stromboli. Deux amis, aux prises avec leurs vertiges volcaniques, vont tomber sous le charme d’une inconnue, Antonia.

Deux récits en miroir pour faire entendre le souffle des corps qui se libèrent, dire la matérialité physique et poétique du monde qui les contient et concilie leurs gestes, la tension entre l'animé et l'inerte, entre le mort et le vivant.
Maylis de Kerangal : "La littérature permet d'avoir accès à un autre monde que le sien"
La citation : 

"Le jour vient donc où Finbarr observe ses frères qui piétinent derrière la barrière en se parlant à voix basse. Il lui suit des yeux quand ils traversent la cour d'un pas neuf et poussent une dernière fois la porte de la maison Peary. Il connait la suite.Il sait qu'à l'intérieur, dans la pénombre, Sean et Flann expédient les adieux à la mère, se penchent sur son front d'ivoire, sur sa chemise de nuit vague qui empeste la sueur aigre des alités, aussitôt s'en écartent pour aller étreindre le père hébété. "
Notre avis : 

Dès les premières lignes de ni fleurs ni couronnes, j'ai pensé "Qu'est ce que c'est bien écrit !".
Un rythme dans la langue dans lequel je me coule naturellement, des images non éculées, pas d'associations cent fois vues, pas de clichés. 

Au-delà de ces généralités, ce qui est "bien écrit" pour moi l'est il pour vous ? Je sais que je n'aime pas les contes car les traits sont exagérés et je préfère la veine naturaliste.
Les digressions ne me dérangent pas, elles me ravissent même quand elles sont bien employées et drôles mais je sais qu'elles insupportent d'autres personnes.

Est ce que le fait que Maylis de Kerangal pose sa plume en Irlande, sur une île, qu'elle parle de mer, de bateau, est totalement indifférent au fait que j'ai été comme totalement sous le charme rapidement ? Sûrement pas ! 

En tous cas, je me suis délectée de chaque phrase de Ni fleurs ni couronnes regrettant presque son format très court même si même la chute est parfaite. 
Ni fleurs ni couronnes suivi de Sous la cendre par Maylis de Kerangal
Folio - en librairie le 13 mai 2021