Baz'art  : Des films, des livres...
10 juin 2021

Rencontre avec le réalisateur espagnol Fernando Trueba pour le film " L’Oubli que nous serons"

 Au cinéma depuis hier L’Oubli que nous serons est un film adapté d’un succès littéraire qui raconte le combat d’un médecin pour les droits des habitants de Medellín.  

Retrouvez notre chronique ici 

 On a eu la chance d'échanger la semaine passée avec son réalisateur Fernando Trueba qui  nous en dit  un peu plus sur cette déchirante chronique familiale 

Un privilège car Fernando Trueba, réalisateur et scénariste espagnol, « Belle époque » avec Pénélope Cruz,  ou  « L’artiste et son modèle », avec  Jean Rochefort, est l’une des figures marquantes du cinéma de l’Espagne démocratique, animé par une vraie passion du cinéma qui ressort de cet entrevue.

Morceaux choisis : 

fernande trueba (1)

Un roman à succès avant d'être un film

« Dès sa sortie en 2006, le roman d’Hector Abad, L’oubli que nous serons, a été un immense succès.

Il est aujourd’hui considéré de façon assez unanime  comme un des chefs-d’œuvre de la littérature hispanique.

L’auteur est le fils du docteur humaniste Abad assassiné à Medellín en 1987… 

Ce livre autobiographique est d’abord l’éloge, tout en délicatesse et respect, du fils à son père, médecin humaniste, militant des droits de l’Homme.

Mais c’est également la chronique d’une famille soudée autour de ce père de famille adoré de ses six enfants et une immersion dans la ville de Medellín, gangrénée par la violence des politiques et des narcotrafiquants dans les années 1970-1980. 

En le transposant au cinéma, j’ai eu la possibilité d’amener ce chef d’œuvre vers un public sans doute encore plus large.

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  Un livre trop adulé pour l'adapter sans résistance

"Au début, j’aimais trop le livre pour l’adapter.

Vous savez, c’est sûrement le livre que j’ai le plus offert autour de moi, ma femme aussi d'ailleurs aime l'offrir à ceux qu'elle aime ( rires). 

Ce livre est indispensable, pas seulement pour les Colombiens ou les Sud-Américains, mais  à mon sens pour tout le monde.

Pourquoi un cinéaste espagnol pour réaliser un film autour d'une histoire 100 % colombienne

« Je connaissais un peu Hector Abad, l’auteur du livre que j'avais rencontré à deux occasions avant qu'il ne me propose d'adapter son livre, la première fois je n'avais pas encore lu son roman, la seconde fois oui,

A chaque fois, le courant a bien pris entre nous , donc je pense qu'il a insisté auprès des producteurs du film pour que j'en signe l'adaptation. 

J'ai refusé à deux reprises le projet, puis devant son insistance j'ai fini par me dire  que si je ne faisais pas ce film, j’allais le regretter.

L’histoire et les personnages étaient trop beaux pour passer à coté de cette formidable opportunité "

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 Filmer la bonté, un choix cinématographique fort

"Ce médecin a agi toute sa vie pour les autres, rêveur humaniste, naturellement investi de cette noblesse et de cette intégrité.

Billy Wilder m’a dit un jour que la vertu n'est pas photogénique, et j’ai voulu lui montrer qu’il avait tort en démontrant la beauté du personnage, parce que pour moi, c'est elle qui est photogénique. La vertu et la bonté ne sont  en fin de compte que des formes déclinées de la beauté."

 Casser l'image du latino véhiculé par Hollywood

"Commencer par une scène de Scarface, de De Palma c’est  forme de clin d’œil à ma manière et de critiquer un peu l’image des latino-américains au cinéma, souvent très caricaturale : on voit  deux  de mes personnages assister dans un cinéma, à une scène violente tirée d’un film qui est à mes yeux l' archétype de la représentation états-unienne du monde latino, méchant, criminel, narcotrafiquant . 

Par ailleurs, au delà de cela,   je trouvais ça assez beau de montrer une salle de cinéma pour commencer, histoire de faire un clin d’œil au spectateur pour lui dire que je ‘l’amène voir un film de cinéma"

Fernando-Trueba-©-Dago-Garcia-Producciones-SAS-2020

Des choix esthétiques forts clairement assumés

"Le film était  déjà divisé comme ça dans ma tête, déjà bien avant de le faire. Une partie en couleur et l’autre en noir et blanc. Je me suis  simplement laissé guider par mon instinct.

Quand nous nous remémorons notre enfance, il semble que les choses remontent à travers un filtre

J'ai ainsi tenu à réserver à cette période l'utilisation de la couleur, alors que les scènes de la réalité quotidienne de la vie du fils, à partir de son adolescence, sont traitées en noir et blanc." 

 Javier CAMARA, choix logique pour jouer ce héros de l'histoire de la Colombie

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 "Javier, c’est une idée de l’auteur du livre qui  trouvait qu’il ressemblait énormément à son père. 

Au début, je me suis dit ‘Dommage qu’il ne soit pas colombien parce qu’il serait  vraiment parfait’

Jai cherché des acteurs colombiens et cela ne fonctionnait jamais totalement donc je me suis décidé à lui propos er le role .

Je crois que c'est ma femme qui lui a conseillé de lire ce roman quand il cherchait un livre pour son vol pour Bogota pour tourner la série Narcos, et il l'a trouvé génial donc quand il nous a rappelé je lui ai parlé du scénario que j'écrivais dessus ( rires)

Javier a évidemment  eu quelques petites réticences à jouer un colombien alors qu’il est espagnol, notamment en termes d'accent.

Mais très vite, il a  été pleinement rassuré par le fait que tout le monde lui disait qu’il était vraiment le personnage et qu’il partageait avec lui .son énorme joie de vivre et son amour de la vie et je crois qu’il aime vraiment ce rôle, d’après ce qu’il dit partout en tout cas   ." 

Propos recueillis par téléphone le mercredi 2 juin 2021 

L'oubli que nous serons de Fernando Trueba, au cinéma le 9 juin

Distribué par Nour films 

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