Festival d'Annecy 2021 : Archipel, le beau poème sur les territoires de Félix Dufour-Laperrière
C’est aujourd'hui que s'ouvre l’édition 2021 du Festival international du film d’animation d’Annecy que nous avons présenté il y a quelques semaines .
Parmi les nombreux films qu'on pourra y retrouver dans les différentes compétitions, Archipel, le nouveau long métrage d’animation de Félix Dufour-Laperrière, sera présenté en sélection Contrechamps .
Archipel se propose comme un film d'animation au dessin libre et à la langue précise, sur des îles inventées, qui dit et rêve un lieu et ses habitants et qui sonde la relation que chacun d'entre nous entretien avec ses propres territoires.
"Suivez-moi, je vais toutes vous les montrer », dit la voix d’une femme au début du film . Elle fait référence au fleuve Saint-Laurent et à ses milliers d’îles, réelles et rêvées. « Je suis une guide capricieuse », prévient-elle son interlocuteur. Avec leur dialogue en voix off, Archipel se transforme en une odyssée semi-fictionnelle à travers le Québec.
Sorte d'essai philosophique sur la question de ce qui fait d'un territoire une région, une communauté.On est ici entre le cinéma de Chris Marker et le cultissime " Koyaanisqatsi », le long poème sonore et visuel réalisé par Godfrey Reggio en 1982 et produit par Copolla qui nous plongeait dans une suite d’images de nature et de ses éléments (eau, feu, terre et air)
Un ensemble multiforme est créé, composé de réflexions poétiques, d'images documentaires anciennesd'impressions contemporaines, de travail et de jeu, ainsi que de souvenirs de lutte et de douleur.
Les images d’archives ou documentaires (parfois retouchées) se mêlent aux dessins et peintures animées dans une forme libre et déliée qui cherche constamment l’abstraction.
Ici, des figures indistinctes se confondent et divergent dans une expression abstraite d'une danse folklorique et parfois une silhouette animée de notre guide se remplit d'un paysage.
Reconnaissons le : Les amoureux d'une narration plus cadrée, rationnelle ne seront pas vraiment invités au voyage tandis que les autres, ceux qui aiment les approches imaginatives et autres voyages psycho-géographiques seront comblés.
Le texte d’Archipel, entre poésie et philosophie, est très présent, qui peut donner parfois l'impression d'être un peu trop précieux, voire prétentieux.
Il est indéniable que si les qualités du film proviennent plus de l'ambition visuelle que de son écriture .
Cette approche créative de la lecture documentaire est particulièrement poétique mais manque quand même un peu d'incarnation.
Il faut vraiment se laisser happer par cette déambulation rêveuse et particulièrment exigeante.
Sans doute plus adapté comme oeuvre pour une galerie d'art contemporain qu'un long métrage de cinéma, Archipel séduira autant les fanas de cinéma inventif et expérimental qu'il rebutera les autres.
Pour rappel, du 14 au 19 juin 2021 se déroule le festival d’animation D'Annecy qui propose cette année une édition hybride, et une célébration du cinéma africain et de son 60ème anniversaire, initialement prévus l'année dernière.
Retrouvez toutes les informations sur le festival ici : https://www.annecy.org/