" Derrière eux, ce sont encore les contreforts arides des montagnes brunes et enneigées du plateau d'Erzeroum main au loin devant une jolie plaine d'herbe tendre descend en pente douce vers le sud. Et à l'ouest sur la droite un paysage bosselé de collines verdoyantes Kribor pleure . C'est son pays depuis mille ans. Ses plaines à lui ses montagnes aimées . Ses collines Son herbe Son ciel. Sous la protection de sa Sainte Vierge. Il se souvient d'un poème : "
Elle avancait, tranquille, ondulant des épaules
Rouge brillait la rose à son sein lumineux
A ses poignents de feu des bouqets de violettes"
Le génocide arménien j'en ai entendu très peu parler pendant mes cours d'histoire (peut être parce que la position de la France n'a pas été très nette) et la première partie de l'oiseau bleu d'Erzeroum a été comme un coup de massue.
On aura beau m'expliquer qu'il y a des conditions économiques, un terreau social, je n'arriverais jamais à comprendre comment l'homme peut arriver à un tel niveau d'inhumanité (et collectivement, ce qui écarte l'hypothèse de la folie), voulant rayer de la carte, régulièrement dans l'histoire, un peuple entier.
Ian Manook qu'on connait et admire évidemment pour sa remarquable saga policière mettant en scène le commissaire Yeruldegger dans les steppes d'Asie centrale raconte cette fois une histoire bien plus personnelle pour moi
C'est également un formidable conteur et, s'appuyant sur l'enfance romancée de sa propre grand-mère, il nous entraîne dans le destin tragique mais beau aussi de deux fillettes qui vont survivre.
" Ce sont les seuls malheurs ou presque, ce de jour dont les lendemains seront de braise. Araxie et Haïganouch marchent en silence, main dans la main, avec leurs cousines Mélinée et Siroune et d'autres enfants au regard creusé par la peur. D'instinct, les mères se sont regroupées autour de leurs petits. De temps à autre, le groupe se tétanise et se contracte sous l'aiguillon d'un cri d'horreur, sans jamais savoir qui a hurlé ni pourquoi."
Une saga familiale de 500 pages qui m'a entraîné de l'Arménie turque à la banlieue parisienne en passant par Alep, Smyrne ou Moscou, une saga grâce à laquelle j'ai découvert une partie de la culture arménienne et dans laquelle conflits géo-politiques et destins individuels sont étroitements liés.
Ian Manook L'Oiseau bleu d'Erzeroum - tome 1; Albin Michel, avril 2021
Ian Manook est un formidable conteur et, s'appuyant sur l'enfance romancée de sa propre grand-mère, il nous entraîne dans le destin tragique mais beau aussi de deux fillettes qui vont survivre. Une flamboyante saga familiale de 500 pages @AlbinMichel pic.twitter.com/yh1E9zJVmJ
— Baz'art (@blog_bazart) June 17, 2021
Ian Manook se confie sur la genèse de son roman "L’oiseau bleu d’Erzeroum" from Les Editions Albin Michel on Vimeo.
rédatrice: Choco