9782355848346ORI

 "Les ombres du corps anonymes dansent sur notre mur telles des marionnettes, tous se balancent par-dessus l’immense fissure qui va du sol au plafond de notre chambre à l’auberge de jeunesse, et sans doute au-delà : le lien entre la terre et l’édifice, la brique et le ciment, l’histoire et la mémoire, qui se distend, dérive et cède tout à coup. Et en un clin d’œil : tout peut être détruit. »

 C'est Alexandria Marzano-Lesnevich, l'autrice de l'Empreinte,  fabuleux récit autour de la pédophilie et de la peine de mort publié en 2019 chez Sonatine et   qu'on avait largement défenu à da sortie qui signe le bandeau de l'édition française du livre Je ne suis pas encore morte de Lacy M. Johnson d'un lapidaire et incontestable " Lisez ce livre. Il va vous transformer. Il va vous fasciner. Vous ne l'oublierez jamais " 

 Si la forme est différente entre les deux récits publiés chez nous chez Sonatine, puisque Lacy M Johson privilégie le témoignage des faits à l'enquête, la même intensité et souci d'exorciser ses démons intérieurs habitent les deux textes. 

Dans Je ne suis pas encore morte, résonnent les mots terrifiants mais tellement puissants d'une femme kidnappée, violée et traumatisée par son ex-compagnon et sa tentative de se reconstruire si difficilement après la terrible épreuve 

 

 Kidnapping, viols et menaces de mort : l'emprise d'un bourreau sur sa vicitime est le point d'orgue de ce récit , glaçant, clinique, sans tabou aucun

 Lacy M. Johnson raconte dans le menu détail sa relation avec un être toxique, qui, outre les violences physiques, exercera une emprise psychologique terrible sur la jeune femme.

La lecture est poignante et le courage incroyable de la jeune femme qui témoigne quatorze ans après les faits.

Dans la lignée d'autres témoignages récents qui ont une vraie force littéraire, on pense donc à L'empreinte mais aussi au livre de Guila Fois chroniqué récemment 

 

 "  Il y a l’histoire que j’ai, et l’histoire qu’il a, et il y a une histoire que la police conserve dans la salle des pièces à conviction de la police. Il y a l’histoire que la journaliste raconte dans le journal. Il y a l’histoire que La Femme Policier a décrite dans son rapport ; son histoire n’est pas mon histoire. Il y a l’histoire qu’il a dû raconter à sa mère quand il lui a téléphoné ; il y a l’histoire qu’elle a dû se raconter à elle-même. Il y a l’histoire qui vous restera quand vous refermerez ce livre"

Je ne suis pas encore morte

Éditions Sonatine, 188 pages
Traduit par 
Héloïse Esquié