Quand Asli, brillante étudiante en médecine, rencontre le charismatique Saeed au milieu des années 90, c’est le coup de foudre.
Ils se marient en cachette de leurs familles qui voient d'un mauvais oeil cette union, et Asli promet à Saeed de lui être fidèle et de ne jamais dévoiler les secrets qu'il semble défendre avec véhémence.
Leur avenir semble radieux, mais à l’approche du vingt-et-unième siècle, Saeed semble en proie à une colère dont les symptômes ne cessent d’inquiéter.
Il va alors prendre une décision qui va, non seulement briser les rêves d’Asli, mais avoir aussi des conséquences sur la géopolitique dans sa globalité.
Ce qui reste est le troisième long-métrage de la réalisatrice allemande Anne Zohra Berrached et le tout premier à sortir en France*.
Son film semble au départ raconter une histoire d’amour a priori classique et banale mais, peu à peu, le récit, habilement construit, sonde avec intensité et finesse des thématiques réellement profondes, telles que les différences culturelles, les conflits sociaux culturels insolubles, les questions de confiance et la transition vers l’âge adulte.
Sans trop spoiler les surprises que réserve l'intrigue, avouons simplement que la réalisatrice allemande traite cette histoire de radicalisation en adoptant en continu le point de vue d’Asli, une femme aveuglée par l’amour qu’elle porte à son mari.
Par cette approche humaine et passionnelle, le film réussit parfaitement à éviter l'écueil du mélodrame et du manichéisme.
Le spectateur, placé toujours à hauteur d' ’Asli (incarnée par la toujours épatante et très vibrante Canan Kir) va tenter de saisir les tenants d'une situation douloureuse et pour le moins difficile à comprendre.
Confronté à un conflit moral complexe et l’abandon de son mari, Asli devra passer par plusieurs étapes pour définir qui elle est maintenant et en quoi consistent l’amour et le mariage.
Pour nous embarquer dans ce voyage intérieur et psychologique, Anne Zohra Berrached s'accompagne fort joliment de la musique envoûtante d’Evgueni et Sacha Galperine, ainsi que de la photographie soignée de Christopher Aoun (Capharnaüm).
Surtout, elle opte pour une réalisation très mobile, qui nous permet de tout vivre en communion avec son héroïne, de ses espoirs, à ses dilemmes et ses incompréhensions, jusqu'à un dénouement marqué par un ultime plan de toute beauté.
Un beau film fort et intelligent!
AU CINÉMA LE 11 AOÛT
Distribué par Haut et Court
Ce qui reste de la réalisatrice allemande Anne Zohra Berrached est une œuvre dense et profonde qui traite avec finesse de la radicalisation islamiste, avec un impressionnant duo de comédiens : Canan Kir et Libanais Roger Azar. au ciné mercredi prochain pic.twitter.com/gQM2QdxID1
— Baz'art (@blog_bazart) August 7, 2021
*son premier film Deux mères racontant la difficulté pour deux femmes à adopter un enfant avait connu un beau succès dans son pays)