C’est la question essentielle que se pose Y, un réalisateur dont on va suivre les aventures dans le nouveau long métrage de Nadav Lapid (Sinonymes, l'Institutrice).
Alors qu’il est en préproduction de son prochain film qui raconte l’histoire d’Ahed Tamimi, la jeune palestinienne qui avait giflé un soldat israélien, Y est invité par le Ministère de la Culture à une projection et une conférence dans la vallée de l’Arava.
Arrivé dans cette région aride et peu peuplée, le réalisateur est accueilli par Yahalom une fonctionnaire du ministère.
La jeune femme, cinéphile et très fan de son œuvre, fait tout son possible pour que le séjour du cinéaste branché de Tel Aviv se passe le mieux possible.
Un léger flirt, une ballade dans le désert et le cinéaste en colère devient incontrôlable lorsqu’il apprend que son intervention sera soumis à une censure d’état.
Mise en abime d’un cinéma entrain de s’inventer, journal intime et politique d’un cinéaste engagé, cinéma nombriliste d’un cinéaste très doué, “ Le Genou d’Ahel” est tout cela à la fois, mais sa charge contre le régime autoritaire du gouvernement israélien et la critique au vitriol de l’endoctrinement que subisse les jeunes soldats sont d’une force incroyable.
Un cinéma en liberté, un cinéma de combat contre toutes les dictatures.
Il est finalement assez rare de voir au cinéma une charge aussi féroce contre Israël, les grands réalisateurs de ce pays comme Amos Gitaï prenant généralement plus de gant pour critiquer le pouvoir en place..
Nadav Lapid fait plutôt dans le Krav Maga, plus que dans la Boxe anglaise...
Son Genou d'Ahed est bourré de scènes fortes, il est très dialogué et pourtant pas du tout intellectuel.
Un prix du jury à Cannes cette année. et on peut le dire, un prix mérité lui au moins...*
*Nous sommes en effet à mon sens très loin de Titane et Annette, boursoufflés et indigeste, alors que se sont des cinéastes qui se revendiquent, comme Lapid du reste, de la nouvelle Vague...