Vous vous souvenez sans doute de la conférence de presse à Cannes et de cette déclaration enflammée de Pio Marmaï à l'encontre du Président Macron, et pourtant la Fracture, le nouveau film de Catherine Corsini vaut bien plus que ce petit buzz à la petite semaine.
En effet, après les déjà excellents LA BELLE SAISON et UN AMOUR IMPOSSIBLE , Catherine Corsini boucle une très belle trilogie avec ce geste cinématographique fort qu'est ce nouveau long métrage.
Sauf que ce coup ci, contrairement aux deux précédents, elle le fait avec un film résolument contemporain, qui prenne en compte ce qui se passe dans la société d’aujourd’hui.
Catherine Corsini choisit ici comme décor quasi-unique, ce lieu-monde qu’est l'hôpital et plus précisemment ce service d’urgences d’un établissement public parisien, tandis que le mouvement des Gilets Jaunes bat son plein, que la police fait le siège du bâtiment et que les personnels médicaux semblent épuisés.
Ce lieu clos des urgences est un micro-monde où rien ne s’arrête jamais malgré la longue attente que subissent parfois les patients.
Un lieu de convergence pour la rencontre improbable entre un routier fort en gueule estropié à la manif, une bourgeoise quelque peu capricieuse tombée dans la rue, des patients en vrac et tous les maux du monde…
Ce qui est fort avec ce film c'est à quel point Catherine Corsini arrive à insuffler à son film une sensation de tension extrême.
Visiblement, d'après l'interview qu'on a pu faire avec la réalisatrice sur Paris il ya quelques jours , les circonstances du tournage pendant la crise sanitaire et le deuxième confinement ont donné une énergie particulière.
La réalisation réussit à être toujours en mouvement, même lorsque les personnages sont fixés sur des brancards et parvient à être au même rythme que le pouls de l’hôpital, où tout peut se jouer en quelques minutes.
Portrait aiguisé avec une justesse, la Fracture - excellent titre à double sens- est un film choral où le drame et la comédie s'entre-mêle pour mieux décrire l'état d'une société à un moment M.
Premier long métrage (après l'excellent documentaire Un pays qui se tient sage de David Dufresne) qui aborde de manière frontale la problématique des gilets jaunes à travers la fiction, Catherine Corsini ne livre par une vision schématique et simpliste du sujet et l’imbrique à d’autres thématiques pour en faire le choeur de son beau film choral.
Sans tomber dans le pathos ni le moralisme, Catherine Corsini nous montre des individus qui échangent des idées en s’engueulant, avec sarcasme mais avec sincérité, dans une tragi-comédie du quotidien, et où affleure, derrière les blessures et les revendications de chacun, la possibilité d’un dialogue même entre deux mondes opposés .
La fracture repose aussi sur la vitalité et la fantaisie de ses comédiens sans qui les personnages ne pourraient s’incarner.
A ce titre, Valeria Bruni Tedeschi et Pio Marmaï en particulier, sans cesse imprévisibles et à fleur de peau, livrent des prestations incroyables.
Ils sont évidemment les moteurs de ce formidable film inscrit inténsement dans le présent!
Hier soir projection du film #lafracture de
— Baz'art (@blog_bazart) September 25, 2021
Catherine Corsini en ouverture de @delecritalecran Un film en apnée inscrit dans le présent, qui confronte des paroles antagonistes et complémentaires pour dire les fractures de la société française aujourd’hui pic.twitter.com/GCW1cgBp5E
Revu #lafracture de Catherine Corsini quelques semaines après une première vision...Le film conserve toute sa tension , avec une mise en scène immersive, qui alterne intelligemment ruptures de tons et une jolie finesse d'écriture... a voir le 27 10 au cinéma pic.twitter.com/Lm5VvwoKVC
— Baz'art (@blog_bazart) October 8, 2021
La Fracture de Catherine Corsini (Fr., 1h38) avec Valeria Bruni Tedeschi, Pio Marmaï, Marina Foïs, Jean-Louis Coulloc'h en salles le 27 octobre 2021…
