Il y a du bon et du moins bon dans nos lectures des dernières semaines en littérature étrangère : voici trois exemples, allant de l'excellent au moins bon :
1/ Memorial Drive Natacha Trethewey
Natasha Trethewey est une voix qui compte outre-Atlantique dans la poésie contemporaine.
AvecMemorial Drive, récit très émouvant, elle nous plonge au coeur de ses racines dans le sud des Etats-Unis.
C'est aussi une forme de catharsis, trente-cinq ans après le meurtre de sa mère, tuée par son ex-mari.
Dans ce très beau livre autobiographique, Natasha Trethewey nous raconte son enfance de métis ayant grandi aux États-Unis dans les années 1960-1970.
Pendant sept ans, l'écrivaine va déchiffrer quantité de documents, qui vont du rapport d'autopsie à la retranscription des dernières conversations téléphoniques de sa mère avec son meurtrier
C'était la possibilité pour l'autrice d’aborder le sujet du racisme, de la difficulté pour un couple mixte de se faire accepter, de la peur du Ku Klux Klan, de la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains, mais également de parler avec beaucoup de tendresse de sa mère, Gwen, et de sa grand-mère.
Avec Memorial Drive, elle a transformé un drame inimaginable en un livre catharsistique d'une grande beauté .
- Natasha Trethewey
- Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy
- Editions de L’Olivier19/08/2021
Il y a du bon et du moins bon dans le catalogue de l'éditeur Gallmeister.
Là où sont les oiseaux, Maren Uthang, traduit du danois par Françoise et Marina Heide, Gallmeister
3 NOTES SUR LE CHAGRIN 🍂 //Chimamanda Ngozi Adichie toujours aussi bouleversante
"Loin de me soulager, mes souvenirs me donnent des élancements aussi douloureux qu'éloquents : Voici ce que tu n'auras jamais plus.
Quelquefois ils sont porteurs de rire mais le rire est comme une braise qui ne tarde pas à flamber de douleur. J'espère que c'est une question de temps, que c'est encore trop tôt, beaucoup trop tôt pour s'attendre à ce que ce que les souvenirs ne soient rien de plus qu'un baume."
Il y a des noms qui sont un "argument" suffisant pour se précipiter dans une librairie et acheter un livre et Chimamanda Ngozi Adichie en fait assurément partie.
🍂 Alors non je n'ai pas regardé l'émission de La grande librairie dans laquelle Chimamanda Ngozi Adichie a été invitée récemment mais j'ai tellement aimé ses romans ( Americanah, L'autre moitié du soleil, L'hibiscus prourpre), qu'on s'est précipité sur son nouveau livre .
🍂 Pas de fiction cette fois, mais des notes prises suite au décès de son père pendant le confinement.
🍂 Chimamanda Ngozi Adichie écrit avec concision et une incroyable justesse sur la surprise (quelques jours avant, elle échangeait avec son père sur Zoom et il n'était pas malade), la colère, la culpabilité ressenties, les réactions physiques, les "et si" qu'on se repasse en boucle et dans ce contexte si particulier, l'impossibilité d'enterrer cet être cher.
Elle écrit les consolations inexistantes, les paroles-conseils souvent à côté de la plaque de ceux et celles qui pensent vous aider mais aussi toutes les choses que son père lui a apporté, l'influence qu'il a eue sur sa vie et sur son caractère.
A la fois si intime et universel.