Il n'est pas certain, qu'à l'instar d'émission culinaire comme Top Chef ou le meilleur patissier, The Chef, le long métrage de Philip Barantini réussisse à susciter quelques vocations dans le milieu de la gastronomie mais il risque toutefois de modifier grandement notre perception de la profession assez unique en son genre.
Lui-même ancien chef, Philip Barantini dépeint l'envers du décor avec un long métrage qui vaut vraiment le coup d'oeil ne serait ce que par sa prouesse technique formidable, celle de faire tout le film en en un unique plan séquence à la manière de l'éblouissant Birdman d'Innaritu, de Victoria de Sebastian Schipper ou plus récemment de 1917 de Sam Mendes.
Comme souvent, ce procédé résulte d'un tour de force et d'une prouesse technique assez incroyables, d’autant plus qu’il n’y a eu visiblement d'après les indiscrétions du tournage, aucune coupe cachée, et que tout a été filmé en ’une seule prise.
The chef* nous propose de suivre l’équipe d'un restaurant gastronomique londonien lors de la grosse soirée du vendredi avant Noël.
À quelques minutes du coup de feu, tout le personnel est en ébullition mais les problèmes s'accumulent autour du chef étoilé Andy Jones et de sa brigade.
On suit la brigade de la salle aux fourneaux, des commis aux serveurs, à mesure que le coup de feu monte et que les ennuis commencent à s'accumuler depuis l’ouverture au service du soir jusqu’ à la fin de la soirée, sans jamais perdre une seule seconde les protagonistes de l'histoire.
La caméra de Philip Barantini suit ainsi un personnage, puis décide d'en filmer un autre qu'on vient de croiser pour revenir ensuite sur le premier dans une valse tourbillonnante, épuisante mais tout à fait jubilatoire.
Ainsi, le spectateur suivra cette soirée au fil des péripéties toutes plus haletantes les unes que les autres : la venue imprévue d'une critique gastronomique, les interventions d'influenceurs pas très diplomates, les tablées de clients racistes ou allergiques, la visite de inspecteur de l'hygiène zélé, la crise d'autorité de la directrice de salle incompétente, ou autres addictions diverses.
.La caméra suit sans jamais le souligner les travers de la société courante comme l'homophobie, le racisme, les conditions de travail spartiates, la dépression, les addictions que peuvent connaitre l'ensemble d'une équipe de cuisine.
Grâce à son procédé du plan séquence unique et de cette caméra à l'épaule qui maintiennent constamment la tension. le spectateur est totalement en immersion dans cette nuit particulière où le chef du restaurant se met à chavirer, sur le plan professionnel, comme personnel.
Le spectateur a très vite le sentiment d'être soi-même invité dans ce restaurant, en goûtant seulement des yeux cette cuisine plutôt très apétissante
The Chef devient rapidement une sorte de thriller anxiogène car intimement lié à son chef d'orchestre en perdition, remarquablement interprété par Stephen Graham.
Le réalisateur, qui signe ici son premier long métrage, a été auparavant lui-même chef et s’est très largement inspiré de ce qu’il a vécu ou pu voir.
Il parvient ainsi à trouver des péripéties qui sont peut etre un peu grosses pour certaines ( surtout avec l'accumulation sur chaque séquence), mais qui ne manque assurément pas de sel.
On peut dire que son passage des fourneaux à la caméra est très réussi, car pour filer la métaphore culinaire, Philip Barantini ne manque pas d'ingrédients à son beau dosage et sait les cuisiner avec un parfait assaisonnement.
Définitivement un film à voir et à savourer dès mercredi en salles.
The Chef - sortie en salles le 19 janvier
Film britannique de Philip Barantini avec Stephen Graham
Distributeur UFO distribution
*Le titre original en anglais Boiling Point, point d’ébullition nous semblait plus pertinent. pour montrer ce que film Philip Barantini à savoir une micro-société en ébullition