Baz'art  : Des films, des livres...
22 février 2022

Interview de Najaa Bensaid, la révélation du film "COMPAGNONS"

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 François Favrat (Le rôle de sa vie,  Boomerang) livre avec son nouveau film  « Compagnons » qui sort en salles demain un très convaincant récit d'apprentissage sur le travail de verre qui évite les clichés sur une jeune fille de banlieue qui fait un stage chez les Compagnons du devoir.  Retrouvez notre chronique du film ici même .

 Le réalisateur François Favrat et la comédienne Najaa Bensaid ont fait le tour des cinémas de France pour présenter  le film, en avant-première.

Si on connaissait déjà le cinéaste, Najaa Bensaid est assurément  la grande révélation du film.

Il faut dire qu'elle explose totalement dans le role de  Naëlle, cette jeune actrice qui avait déjà tenu des rôles secondaires dans une poignée de  films au cinéma ou a la TV mais  dans Compagnons, elle livre une prestation qui lui fait  gagner haut la main ses galons de grande comédienne.

On avait pu échanger avec elle à l'occasion des avant premières lyonnaises et royannaises où nous étions présents, l'occasion de revenir avec nous sur ce parcours et ce premier grand role..

Et comme dans le film, elle nous a épaté par son naturel et sa détérmination : 

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Najaa, avec Compagnons, tout le monde s'accorde à dire que vous explosez totalement, alors que c'est juste votre troisième long métrage de cinéma.

Je dois vous dire que j'ai pu vu à sa sortie La colle le très sympathique teen movie d’Alexandre Castagnetti, et sans vous faire offense je ne me souvienais plus totalement de votre rôle dedans (rires). 

Najaa Bensaïd : Ah bon, vous me vexez cher Baz'art ( rires).. . Je ne joue certes pas le personnage principal du film mais une des 8 élèves qui sont enfermées dans cette classe où le héros va revivre  éternellement son heure de colle.

 J'incarne le personnage de Fraicheur,  celui avec des grosses couettes, vous êtes sur que vous ne vous en souvenez plus du tout (rires?) 

Si,  maintenant que vous le dites, ce rôle me rappelle vaguement quelque chose.  Mais avant "la colle", votre première expérience au cinéma, c'était quelques années avant avec le film à 14 ans d'Helene Zimmer dans lequel vous jouiez l'une des trois héroïnes. Comment êtes-vous arrivée dans le milieu du cinéma, est ce par hasard? 

 Najaa Bensaïd  : Oui par hasard, on peut le dire ...

En fait, j'étais scolarisée en 3e  au collège de la Grange Belle dans le 10 e arrondissement de Paris et j'ai reçu une lettre dans laquelle on nous invitait à venir à un casting pour un film sans en dire plus sur le projet.

L'idée d'être une artiste sans forcément que cela soit forcément comédienne me trottait déjà dans la tête, mais je l'avais mis dans un coin de ma tête à ce moment-là.

Je m'étais dit que c'était inaccessible  et je commençais à penser de façon assez sérieuse  à devenir journaliste. Cette lettre  a été pour moi comme un signe qu'il fallait que je réactive cette envie-là, que la porte s'entrouvrait et qu'il fallait vraiment la forcer pour concrétiser ce rêve ..

FFS Royan 2021_Najaa_copyright yoshipowershot-FestivaldufilmdeSociété Royan

Et ce casting s'est passé comment alors?

Najaa Bensaïd  : Il y a eu plusieurs étapes en fait. J'ai d'abord du faire une improvisation sans que cela soit pour un rôle défini,  cela s'est bien passé j'étais très à l'aise,  ensuite on m'a dit de passer le casting pour le personnage central du trio celui de Sarah, mais là pour le coup,  j'étais très stressée...

 Il faut dire que je  me suis retrouvée dans une boite de production assez énorme, un endroit totalement inconnu pour moi et j'avoue que là j'ai commencé à me mettre pas mal de pression et j'ai bien foiré mon casting, pour moi c'était mort surtout que bien après la Dead line prévue personne m'avait contacté.

 Heureusement Antoine Carrard, le directeur de casting qui est d'ailleurs aussi celui de Compagnons m'a  rappelle plusieurs jours après cette dead line pour  un autre rôle  celui de Louise..

J'ai cette fois ci bien préparé le rôle, la pression était un peu moindre comme j'avais raté le premier casting, je me suis dit que je ne pouvais pas faire pire 

Cela s'est bien passé et il faut dire que lors des essais, pour me donner la réplique, il y avait Yassine Douighi qui avait été retenu pour le rôle Sofiane dans le film

Il faut dire que  je le connaissais déjà, c'était un très bon copain à moi et cela m'a vraiment aidé à me sentir à l'aise dans ces essais ; la pression s'est diluée et cela a bien mieux fonctionné, car cela devenait du jeu et moins d'enjeu du coup  (rires)

 

Mais vous faisiez un peu de théâtre avant de faire ces castings ou pas vraiment?

Najaa Bensaïd  : Non pas vraiment j'en avais fait un peu en primaire mais plus trop au collège lors de ce casting.

J’en ai refait ensuite au lycée mais après le tournage du film d'Hélène Zimmer. 

 Du coup vous n'aviez pas forcément les codes et les rouages du jeu théâtral pour réussir ce casting

Non, pas forcément les codes mais j'avais quand même la fibre, cette détermination et cette intuition, cette envie d'être sur un plateau de cinéma, que c'est là sa place.

Une fois qu'on s'est affranchie de cette pression que l'on se met malgré soi, j'ai vraiment sentie que je m'épanouissais dans ce milieu. 

Et vous avez multiplié les castings entre à 14 ans, la colle et compagnons? C'est une sorte de parcours de combattant on peut dire cela?

Najaa Bensaïd  : Ah oui en quelque sorte, en 4-5 ans, j'ai dû passer une bonne centaine si j'y réfléchis.

J'ai fait quelques apparitions dans deux séries TV, un clip,  Queens du groupe électro The Blaze, un clip très cinématographique; une expérience que j'ai énormément apprécié. 

 

 Mais ces expériences mise à part,  la plupart du temps ces castings n'ont pas abouti, c'est sûr qu'il y a une frustration mais on connait les règles du jeu et on persévère en se disant que le grand rôle va bien finir par arriver (rires).

Et le grand rôle qui arrive , c'est  donc Naeëlle de "Compagnons" et c'est d'autant mieux pour vous que le scénario du film est formidable, ce qui j'imagine n'était pas forcément le cas dans les scénarios que vous avez dû lire sur la centaine d'essais que vous avez fait, non? 

Najaa Bensaïd  Ah, ça, on ne peut pas dire que vous avez tort ( rires).. 

Il y a des films pour lesquels j'ai passé des essais, et limite,  j'étais contente quand j'ai eu un refus car je me posais vraiment des questions sur la qualité à venir du projet...

Et  en même temps  quand on n'est pas reconnue dans le milieu, c'est délicat de faire des choix par rapport à la qualité du scénario, sinon on peut passer à côté de futurs rôles.

C'est une fois qu'on commence à avoir fait ses preuves qu'on peut être plus exigeant sur les propositions qu'on reçoit, c'est une constatation que tous les comédiens que je connais fait très rapidement.

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Et pour le scénario de Compagnons alors quand vous l'avez lu avant de passer le casting, quelle a été votre première impression?

Najaa Bensaïd  : Le scénario de Compagnons m'a de suite touché, donc il a résonné  quelque part en moi de manière assez instinctive  et là  on peut dire que c'est  un bon signe...

Si je commence à trop me poser de questions sur telle ou telle ligne du scénario en général, ce n'est pas très bon signe, cela risque de me faire gamberger pendant le casting alors que là, je n'avais pas vraiment de doute...

François Favrat, que j'ai interrogé juste avant vous, m'a raconté  qu’il recherchait une jeune actrice qui ait de la violence en elle, vous êtes d'accord avec cela? …

Najaa Bensaïd  : Je ne sais pas si j’en vraiment de la violence  en moi.

Je ne me le suis jamais formulé comme ça. en tout cas.

Il me semble que la violence vient de la société dans laquelle on vit et qu’elle s’imprime en nous. 

François m’a surtout demandé de passer le plus de temps possible avec les habitants de la cité de Bellevue : les jeunes, avec lesquels j’ai fini par devenir amie, mais pas seulement, j’ai passé du temps aussi avec la femme qui joue ma maman dans le film.

François nous a fait faire des impros avec les jeunes – on a répété quelques scènes avec ma sœur mais la plupart ne l’ont pas été peut-être pour ne pas saturer et perdre quelque chose sur le plateau...

FFS Royan 2021_soiréecloture-Najaa-PrixPublic-PrixInterpretation_copyright yoshipowershot-FestivaldufilmdeSociété Royan

Dans le film, vous jouez face à de nombreux amateurs mais également face à de grands acteurs professionnels comme Pio Marmai ou Agnes Jaoui, on se doute que c'était quand même impressionnant pour une jeune comédienne qui rêve de percer depuis quelques années, non?

Najaa Bensaïd Oui bien sûr,  J’ai eu un peu d’appréhension surtout à l’idée de tenir un rôle aussi important mais j’étais plus contente et excitée donc je l’ai vite oubliée.

Avec Agnès et Pio, on s’était vus une première fois pour une lecture à Paris. Ils m’ont mise à l’aise. Agnès est quelqu’un de très accessible, très humble.

Et, contrairement à son personnage dans le film, dans la réalité, Pio est très rock’n’roll, il prend tout à la rigolade.

Ça cassait la glace, ça permet de se sentir plus libre dans le jeu.

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Y-a-t-il dans le film  des scènes où vous avez pu éprouver des difficultés partciulières ?

Najaa Bensaïd 

Oui, je me souviens de celle où le personnage de Pio vient me récupérer chez les dealers dans une ruelle sombre. J’étais mal à l’aise, je la trouvais délicate à jouer - peut-être à cause de la tension qui s’en dégageait.

J’avais peur d’être à côté de la plaque.

La plupart du temps, je trouvais facilement des repères qui me permettaient de me sentir libre : on ne sait pas toujours où on va aller, il arrive des choses auxquelles on ne s’est pas préparé, certaines relèvent de l’impalpable, et c‘est  assez génial quand on y pense....

Najaa, avant de se quitter, comment voyez-vous l’avenir maintenant que tout le monde loue votre performance dans ce film, vous vous dites que ça y est, le plus dur est derrière vous?

Najaa Bensaïd  : Disons qu'à ce jour, j'ai vraiment hâte que le film sorte et qu’il soit vu par le plus grand nombre de spectateurs possibles, je suis sûre qu'il peut plaire à un large public, de tous âges et de tous origines .

Sinon, non, contrairement à ce que vous affirmez, dans ma tête rien n'est acté, au contraire, je pense que le plus dur reste à venir vous savez, et en fait, j’aimerais m’entraîner davantage à la comédie ; travailler davantage en amont.

Jusqu’à maintenant, en dehors d’un stage d’acting j’étais trop prise par la nécessité de payer mon loyer pour trouver le temps et/ou l’argent de prendre des cours.

Jusqu’ici c’est finalement en passant des castings que j’ai le plus l’impression de me former.

 

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