A-ma-reine
1. A ma reine, Anne revah- Mecure de France
"J'avais peut-être, dans mon obsession, ma peur de la perdre, fabriqué de toutes pièces des souvenirs de Patricia, qui avaient l'air d'être la réalité de mon passé vécu avec elle, en fait, je ne savais plus. Par mes propres efforts, j'avais rendu ma mémoire incertaine, mais au moins, depuis mes quatorze ans, mon amour pour Patricia n'avait subi aucune épreuve." 
Une adolescente connue lors d'un séjour linguistique en Angleterre à Brighton peut-elle marquer la vie d'un adolescent au point d'être pour toujours son grand amour ?
Un amour juste fantasmé, amour jamais consommé car il est plus jeune, trop jeune et qu'elle, Patricia, le voit comme un petit frère. 
Un amour qui ne, jamais, s'éteint car après une soirée et une nuit tous les deux en Angleterre, Patricia et Antoine se reverront au fil des années, toujours quand elle le décidera.
Lâcheté ou timidité, jamais il n'osera lui avouer ses sentiments et chacun vivra une vie parallèle jusqu'au jour où....
Sur le papier, c'est vraiment  très romantique cet amour indestructible, toujours préservé dans le cœur d'Antoine mais  à la lecture de ce roman qui nous laisse un peu sur notre faim, on se demande si n'est pas juste un fantasme littéraire auquel on a du mal à croire en tant que lecteur ?  

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2/Jenni Fagan, La fille du diable (Metailié)

 

"Nous devons archiver notre histoire autrement et mettre les idées erronées au placard. Il n'y a pas différentes races d'humains : il n'y a que des humains et nous sommes tous faits de poussière d'étoiles, chacun d'entre nous, nous sommes les enfants de l'univers, nous ne formons qu'une seule et immense race tordue et Dieu n'existe pas - seulement le bien et le mal et toutes les nuances possibles entre les deux."

Après un premier roman coup de poing La sauvage, radical et singulier,  paru en France début 2014, et trois ans après Les buveurs de lumière : une sublime histoire d'amour sous fond de dystopie,  on n'avait plus guère de nouvelles de Jenni Fagan, une plume venue d'Ecosse particulièrement prometteuse.

Elle revient en cette rentrée de janvier 2022 avec l’histoire d’un immeuble à Édimbourg au long du XXe siècle racontée par les outsiders qui y ont vécu, étage par étage, décennie après décennie.

Car au sein de cet immeuble , à chaque étage se mêlent magie et noirceur, c'est un mélange particulier, avec des sauts dans le temps et dans les étages. 

 Alternant grands événements et détails infimes, étonnants et merveilleux, nous suivons un taxidermiste obsédé par la création d’un squelette de sirène, une médium sexagénaire au sommet de son art, la chef d’un gang en guerre contre les triades hong-kongaises, un mineur au chômage allergique à la lumière, une espionne fascinée par les aviatrices, des femmes brisées ou battantes, une ourse polaire et la fille du Diable en personne.

Ce roman est un hommage au pouvoir de l’imagination, au courage des survivants et à la force vitale de l’art narratif. Une Vie mode d’emploi en version punk et féministe, un Immeuble Yacoubian fantastique, repaire de fantômes, poètes et sorcières. Un roman assez étincelant!  

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La médium; JP Smith (Gallimard- Série Noire) 

"À présent, elle avait un pied dans chaque monde. Et elle était chez elle dans l’un comme dans l’autre."

Kit Capriol est actrice, mais peine à trouver un rôle. Et Kit a besoin d'argent. Veuve depuis que son mari a perdu la vie dans les attentats du 11 septembre, elle élève seule leur fille Zoey, née 9 mois après le drame .

Quatorze ans plus tard, l'adolescente est témoin d'un terrible accident mortel dans le métro New-Yorkais.  Pour régler les soins hospitaliers conséquents, Kit décide alors de profiter de ses compétences de comédienne et devient médium.

Elle trouve facilement ses futurs clients dans les pages d'annonces nécrologiques du New-York Times. Qui ne serait pas tenté de retrouver une ultime fois l'être aimé ?

On avait beaucoup aimé Noyade, le précédent roman  sorti en France de JP Smith,  un thriller très efficace  et mélancolique qui tenait en haleine de la première à la dernière page.

Si on sent bien la patte du scénariste d'Hollywood qu'est J.P. Smith, la médium déçoit un peu en comparaison de ce précédent opus.

S'il se joue des codes du thriller surnaturel avec pas mal d'esprit, avec un thriller psychologique largement inspiré du cinéma de sir Hitch, les personnages trop caricaturaux et l'intrigue trop alambiquée empêchent son roman d'aller plus loin que le simple exercice de style .

 

Ce roman à la fois thriller psychologique et fantastique qui lorgne allégrement du coté du surnaturel, pourra séduire les amateurs du cinéma d'épouvante, mais elle déçoit du coté de l'enquête policière, qui s'avère hélas un peu trop reléguée au second plan.