Rencontre avec Pascal Elbé pour le film "On est fait pour s’entendre "
Pascal Elbé avait envie de parler d'un handicap qu'il connait : la surdité. C'est donc une histoire personnelle qui lance le postulat de sa première comédie romantique On est fait pour s’entendre qui décrypte avec pas mal d'humour et de bienveillance le monde des déficients auditifs.
Autour de quarante ans, Pascal Elbé entendit de plus en plus mal. Longtemps il fut dans le déni , s’efforçant de compenser son handicap par un peu de lecture labiale et pas mal de mauvaise fois ( « qu’est-ce que les gens articulent mal ! ». « et pourquoi ils ne parlent pas plus fort !! » ) … avant de se résoudre à se faire appareiller.
"Depuis longtemps, je voulais écrire une comédie sur la notion de transmission et sur les gens un peu cabossés. Ma mère et mes fils insistaient : parle de toi ! Mais en quoi mon problème pouvait-il être universel et drôle ? Et puis, j’ai lu le livre de David Lodge, La Vie en sourdine : il mettait des mots sur mon ressenti, c’était exactement ça ! Aujourd’hui, je tiens à ce que mon film ne soit pas vu comme un film militant sur les malentendants, car il parle de mille autres choses. C’est bien après l’écriture et le tournage que j’ai appris qu’il y avait six millions de malentendants en France. Quand des spectateurs me remercient – « Je serai plus patient avec mon père », « Notre couple ira mieux grâce à vous » –, ça me touche."
J'ai listé les étapes que j’ai vécues : le déni, la révélation, l’apprentissage de la solitude, l’acceptation de soi. L’âge, aussi. Dans le film, François Berléand me balance : « Bienvenue chez les vieux ! » En fait, le film parle beaucoup plus de moi que je ne l’avais prévu…
Concernant le choix de Sandrine Kiberlain, Je n’allais pas prendre une petite choupette de 20 ans. Sandrine a mon âge. C’est une véritable amie, que je connais depuis toujours, comme Emmanuelle Devos, qui a tourné dans mon premier court métrage, réalisé à 21 an et que je n’ai jamais montré. Avec elles, je suis dans la confiance absolue. Mes tournages sont de grands mezzés, de joyeux bordels, et grâce à de telles partenaires, tout va vite, tout est limpide.
Acteur, scénariste et réalisateur, Elbé a, tout naturellement, utilisé ces observations pour un film « Mais attention !, nous a-t-il dit, je ne veux pas être le porte parole des sourdingues! » Pas de film militant, pas de dénonciation politique, donc, mais une œuvre tendre et sensible, qu’il accepte, finalement, de qualifier de « comédie romantique ».
Sortie vidéo le 5 Avril chez Diaphana
Illustration : Pascal Elbé entouré de Valérie Donzelli et Claudia Tagbo lors de la présentation du film à Lyon.