Deux faits divers qui ont defrayé la chronique ce vendredi sur baz art, d'abord une en France puis après une qui a bouleversé les USA 

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« C’est la même histoire qui continue. Pierre Rambla est convaincu que Jean est victime de la malédiction du « Pull-over rouge », qui a fait glisser sa famille sur le banc des accusés. Il a finalement rejoint la place qu’on lui désignait depuis si longtemps. Cette fois il l’occupe de façon légitime. Il est vraiment coupable.

Il comprend aussi combien son fils a été perturbé par cette enfance tourmentée. Plus que jamais, il en veut à ceux qui, en plus d’avoir fait de Christian Ranucci une victime, l’on aussi instrumentalisé pour servir une cause, sans vergogne, sans répit, et sans jamais se soucier des conséquences pour la famille de Marie-Dolorès. Il rappelle que Jean a grandi en voyant porté au pinacle l’assassin de sa sœur. »

Les faits : Le 03 juin 1974 Marie-Dolorès Rambla, fillette de huit ans est enlevée, devant son petit frère Jean, au pied de son immeuble de la cité Sainte-Agnès à Marseille. Le 05 juin son cadavre est retrouvé dans la campagne environnante. Un jeune homme de vingt ans, Christian Ranucci est arrêté. Sa voiture a été aperçue près de l’endroit où a été découvert le corps de Marie-Dolorès. Très vite le jeune homme avoue tout, l’enlèvement, le meurtre, il indique même où se trouve l’arme du crime. Affaire classée ?

Hélas non elle ne fait que commencer. La mère persuadée de l’innocence de son fils trouve un témoin de dernière minute qui aurait vu un homme au pull-over rouge roder dans la cité au moment de l’enlèvement. Témoignage douteux qui ne convainc ni la police, ni les juges. Le 10 mars 1976 Christian Ranucci est condamné à mort, sa grâce sera rejetée, il sera  exécuté le 28 juillet 1976.

 

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 Septembre 1978 Gilles Perrault, écrivain reconnu sort «  Le pull-over rouge » un livre brûlot qui relit l’enquête et le procès sous l’angle de l’erreur judiciaire. Peu importe que la thèse  de Perrault prend l’eau de toute part, pour les abolitionnistes de la peine de mort, Ranucci était innocent.

Peu importe que toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à l’enquête ou au procès de Ranucci n’ont aucun doute sur sa culpabilité. Peu importe que la famille Rambla soit vouée aux gémonies, n’est-ce pas par eux que la justice a tranché la tête d’un « innocent ».

Peu importe tout cela, le temps est à l’abolition de la peine de mort et l’affaire du Pull-over rouge tombe à pic pour alimenter les débats. Cinéma, radio, télévision, essais, tout est bon pour retourner l’opinion publique, mais alors quid de la famille de la petite victime.

Les Rambla de petites gens sans importance dans la balance d’une grande cause humaniste.

Dans la France des années 80 toute une génération de français a été traumatisée par le livre de Gilles Perrault et par le film de Michel Drach. Christian Ranucci symbole de l’erreur judiciaire aurait pu être n’importe qui d’entre nous. La famille Rambla ne se remettra jamais  de l’assassinat de Marie-Dolorès et de la réhabilitation médiatique de son assassin.

Méticuleusement, Agnès Grossmann étudie à froid toute l’histoire du Pull-over rouge, elle prouve que ce témoignage n’a jamais mis en doute le travail des juges et des avocats. Elle déconstruit le travail de Gilles Perrault et s’attache au triste destin de Jean Rambla, le petit frère alors âgé de six ans seul témoin de l’enlèvement de sa sœur.

En pensant réhabiliter un homme, le livre de Perrault a détruit une famille, broyé des vies et crée un meurtrier.

L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

 L’Affaire Rambla ou Le Fantôme de Ranucci d’Agnès Grossmann; édition presses de la cité