Philippe Campion est un jeune auteur-compositeur de tout juste 30 ans qui sort cette semaine un premier album, « Éternel été".
L'album est signé par le label indépendant Tôt ou tard qui n'a pas son pareil pour repérer les talents de la nouvelle scène française.
Pour le coup, cet "Éternel été".est un opus dont le lyrisme qui s'en dégage nous procure des émotions comme on n’en avait pas ressenti depuis longtemps.
Éternel été est un premier album d'une grande puissance, entre intimisme des paroles et souffle de l'orchestration.
Philippe Campion se raconte au travers de onze morceaux qui vont droit au cœur avec un album de nostalgie qui parle d’amour, de souvenirs, de regrets, de manque, de bonheur perdu et d’espoir quand même que toutes les blessures s'efface et qu'un autre grand amour puisse revenir à la surface .
Loin de la guimauve ou du ridicule de la chanson sentimentale, Philippe Campion nous emporte grâce à des chansons émouvantes et par son lyrisme et sa personnalité à la fois sensible et intense.
On l' aime profondément, cet album aux accents de variétés des années 1970, entre orchestre à cordes et piano et par ces textes à la fois simples universel et singuliers, sous fond de mélodies romantiques et d'une voix qui joue avec les variations avec une facilité déconcertante.
Philippe Campion, petit-fils de l'autoproclamé roi des Forains, Marcel Campion choisit l'art du contrepied en n'étant pas là où on l'attend
Dans "éternel été", on ne trouvera pas de jazz manouche à la Django Reinhardt ou de guitare enflammée à la Gipsy Kings mais des chansons enregistrées au piano voix avec pas mal de cordes, entre grande chansons française à la Michel Berger ou jazz vocal à la Michel Legrand ou à la Pat Metheny, une de ses idoles de jeunesse que son père lui a fait connaitre.
On a eu, la semaine passée, un assez long entretien par téléphone avec Philippe Campion qui nous a fait un certain nombre de confidences sur son premier album tant attendu.
Toute la musique qu'il aime, elle vient de là, elle vient du jazz
"Contrairement à ce qu'on pourrait penser si on reste un peu sur des stéréotypes, ce n'est pas la chanson tzigane qui m'a défini, c'est vraiment le jazz qui a fait ce que je suis. C’est la musique qui m’a le plus parlé, même quand j'étais tout petit.
Il faut dire que mon père en écoutait beaucoup et encore aujourd'hui c'est le jazz qui me permet de méditer, d’être facilement à l’écoute de ce que je ressens. »
Le chant avant toute chose. Puis ensuite vient le piano...
"Le chant est quelque chose qui m'est venu très tôt dans ma vie. Mon père avait filmé des vidéos de moi à l’âge de 4 ans où on me voit chanter. Je n’ai jamais pris de cours de chant tout s'est fait en autodidacte.
Le piano en revanche est venu bien plus tard. Petit, je n’avais pas envie de faire du solfège. Alors que mon père me poussait à en faire, mais moi ce qui m'intéressait c'était vraiment de chanter, le reste je trouvais cela trop contraignant.
La disparition de mon père quand j’avais 18 ans a été une vraie déflagration pour moi. Je me suis alors réfugié dans le piano, j'ai essayé de l'apprivoiser peu à peu à ma manière mais au départ je viens vraiment du chant, pas d'un instrument. "
La rencontre avec Tôt ou Tard, label mythique de la chanson francaise
"Je suis arrivé chez Tôt ou tard en 2018 parce que mon manager Peter Murray a fait écouter mes démos à Clément Ducol qui arrange mon premier album, qui les a fait lui-même écouter à Vincent (Frerebeau, fondateur du label, ndlr). Visiblement, je crois qu’il a apprécié parce qu'on s'est rencontrés et il m'a dit oui.
C'est un rêve que j'ai encore aujourd’hui bien du mal à réaliser malgré des choses concrètes comme la promo par exemple (rires).
On me dit parfois que par rapport au reste de la programmation, mes propositions sont plus classiques, plus variétés mais en fait je trouve que chaque artiste signé par le label propose quelque chose de singulier, de profondément personnel.
Dans ce sens, j'ai tendance à penser que je m'inscris parfaitement dans cette ligne éditoriale, je ne suis ni plus ni moins légitime qu'un autre artiste de Tôt ou Tard ... "
Son travail avec Clément Ducol, arrangeur de grand talent
"Clément Ducol, quand mon manageur m'en a parlé, je ne connaissais pas son nom mais en fait, je connaissais très bien son travail (Vincent Delerm, Christophe, Alain Souchon…)
Quand je l'ai rencontré je lui ai parlé de ce qu'il avait fait pour l’album Currency of man de Melody Gardot, je pense notamment à des lignes de violoncelles assez précises qui m'avaient emballé.
Le fait d'être particulièrement sensible à son travail sur les arrangements a plu à Clément je crois et a commencé à poser les bases de notre travail très intense et sérieux sur ce premier album..»
Ces années-là, ce morceau qui a tout changé
« Ces années-là a énormément bien tourné sur les radios ou sur You tube et pourtant je n'étais pas forcément convaincu par ce titre au départ. Je l'avais mis un peu de coté car je trouvais en effet que d’autres chansons symbolisaient plus de choses, étaient plus ambitieuses ou plus proches de ce que je voulais raconter.
Mais Vincent a eu un vrai coup de cœur pour ce titre. Alors, je me suis remis dessus j'ai retravaillé dessus et fait quelque chose d'à la fois entrainant et mélancolique..."
Ne pas trop se poser de questions quand on crée
« Quand on fait de la musique, on n’a plus trop de recul sur ce qu’on fait.
De fait, je préfère me laisser porter par les réactions instantanées et immédiates des gens. pour savoir comment on peut les toucher, car on ne fait pas de la musique pour soi.
Je n'ai pas vraiment de méthode je marche beaucoup au feeling au ressenti, sans trop essayer de voir ce qui a déjà été fait si je commence à me dire que tel texte ressemble trop à un truc déjà existant, cela ne va pas me bloquer.
Ce qui m'importe quand je compose et écris un texte c'est ce qui parle au cœur des gens.
Pour ce qui est de se mettre à nu dans mes textes disons que je suis un garçon plutôt quelqu'un à l’aise avec les sentiments. Je n’ai pas de honte ou de barrière pour les exprimer.
Je suis au moins certain d'une chose: écrire des textes et pouvoir les chanter, c'est quelque chose d'absolument vital pour moi "
« Éternel été », de Philippe Campion. Sortie vendredi 3 juin Retrouvez l'artiste sur sa page facebook