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Depuis ses débuts dans le paysage de la chanson française  à l'aube des années 2000, Florent  Marchet s'est très vite révélé l'une des plumes les plus attachantes de  ce qu'on avait appellé "la nouvelle vague de la chanson française"  apparue dans les années 2000 , qui n'a pas forcément la reconnaissance qu'il mérite. 

Florent Marchet pos­sède  en effet ce talent hors du commun de dessiner en quelques minutes seulement, des petits instantanés en musique comme autant de fenêtres sur nos vies, des portraits en polaroïd de la France d'aujourd'hui aussi intimes qu' universels, qui tracent un ta­bleau tellement juste de ce pays,  entre espoir et désen­chantement.

Ce sens de l'ob­ser­va­tion lucide et glaçant, qui faisait tellement mouche, dans  « Gar­gi­lesse » ou  dans « Rio Baril », à la manière d'un Michel Delpech des années 2000; on est content de le retrouver depuis hier avec son nouvel album Garden Party qui signe un fracassant retour en force.

 Car si Florent Marchet n'a jamais vraiment quitté la scène, et qu'il a publié il y a deux ans un excellent roman sur les paysans paru chez Stock, il n'avait pas publié d'album solo depuis huit ans, depuis le futuriste et trop déconcertant Bambi Galaxy.

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Quinze ans après Rio Baril,  il revient donc aux sources d'un album traversé par l'observation du réel et force est de reconnaitre que l'acuité de son re­gard  a gagné encore en pertinence. 

 Dans Garden Party, un peu à la manière d'un Nicolas Mathieu, Florent Marchet réussit à donner vie  à une galerie de personnages imaginaires mais qui nous semblent  étrangement familiers.

« Gar­den Party » est un disque qui va voir ce qui se passe derrière les pavillons de banlieues résidentielles; un disque construit au­tour des failles de l'hu­ma­nité, autour de ces centaines de des­tins fra­cas­sés qui peuplent les villes et leurs agglomérations . 

Florent Marchet nous raconte ces pères qui ne parlent plus à leurs enfants depuis plusieurs années, ces mères qui quittent enfants et maris pour partir de l'autre coté de l'Atlantique, ce fils gay qui revient voir ses parents après des années de silence, cette femme battue qui n'arrive pas à quitter son mari violent ..

Observateur scupuleux de notre monde actuel, Florent Marchet livre un opus magnifique, minimaliste, intimiste tout en élégance et sensibilité.

Avec cet album d'une apparente simplicité mélodique, mais traversé parfois de belles ritournelles pop et non moins  envolées  de cordes, le poly instrumentisme Florent Marchet nous bou­le­verse durablement, à la fois drôles, mé­lan­co­liques et  terriblement am­bi­tieux.

Entre « De jus­tesse »,  « La vie dans les dents »  Lind­bergh-Plage »." Paris-Nice", ou ce très touchant duo avec PR2B, Loin de Montréal;   sans oublier la déflagradation Fred­die Mer­cury, 8 minutes d'an­tho­lo­gie qui raconte une blessure d'adolescence aux cicatrices jamais totalement refermée, Garden Party ne comporte aucun sans faute. 

 

 "De jus­tesse », chante t-il dans ce premier single qui touchera touutess  personnes qui ont perdu l'insouciance une fois devenus parents ..  

On ne peut pas dire que Florent nous a eu de justesse, avec ce Garden Party.. 

Il nous aura happé complètement, totalement. 

On ne sort pas indemne de cet album qui s'inscrit avec une grande cohérence dans une car­rière aussi éclec­tique qu'exi­geante.

Florent Marchet doit bientôt par­tir en tour­née défendre l'album en piano-voix dans toute la France, impossible de ne  pas assister à cette Garden Party qu'on imagine forcément formidable.

« Gar­den Party » (Wa­gram), en tour­née ac­tuel­le­ment, le 2 fé­vrier 2023 à La Ci­gale, à Paris.