Le roman Une somme humaine du romancier haïtien Makenzy Orcel est retenue dans la deuxième sélection du Prix Goncourt 2022 pour tenter de succèder .à l'écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Saar, Goncourt 2021. 

Une bonne nouvelle pour Haïti en ces temps de crise généralisée.

Et pour la littérature? notre chroniqueur Michel nous en dit en peu plus sur le sujet : 

 

9782743657147

.."la parole, quelle idée,  au commencement était la peur, elle contenait l'Univers ou ce qui fut destiné à l'être, et s'évertuait à s'étendre bien au-delà, rien ne l'épuisait, ne lui échappait, et cet état de chose devait être la norme à l'échelle de la biodiversité animale, régir les principes de conquête et de fuite, de pouvoir et de liberté. ..pour moi, ces hommes réunis à la maison avaient simplement peur, et cherchaient à faire  de cette peur leur force, en ne la perdant pas de vue, cela me paraît d'autant plus  évident que les actions humaines n'en sont que de pâles résidus...il faut se révéler un lieu étrange pour soi-même, à l'encontre des lois de la nature, pour vouloir se sauver, ou échapper à la mort, à fortiori se donner pour mission de sauver l'autre, le monde, un continent...
le meilleur  d'entre nous est celui qui ne met pas en application de façon systématique le viel adage qui dit que la fin justifie  les moyens..."
Une jeune morte, nous parle, nous interpelle, nous raconte toute sa vie, un récit comme l'anti "Douce France" de Charles Trenet.
Morceaux d'existence dans une famille bourgeoise de province, terribles souvenirs d'en France et d'enfance. 
Des parents mal-aimants, doux euphémisme,  un oncle et un curé pervers et le très médiocre quotidien d'un petit  village typique que même une scolarité dans le lycée  de la Ville-d'à-coté ne pourra sauver.
Et puis la fuite à Paris, une délivrance ou plutôt une errance, une femme seule dans la grande ville...études...amours...rap...cinéma... exploitation de l'homme par l'homme... le Bataclan...solitude...
Il faut se laisser emporter par la prose de Makenzy Orcel, son écriture  est un piège qui emprisonne le lecteur avec le fil d'une longue phrase de près de six cents pages que l'on  lit sans reprendre son souffle. 
Un récit  cru, réaliste et poétique à la fois et féministe forcément  féministe...
Un pur roman d'aujourd'hui, l'héroïne, qui n'a pas de nom, aurait pu croiser notre célèbre Vernon Subutex...
En Haïti, sur les traces d'un maître de la parole - Le Point
Le roman, qui nous a quand même semblé assez exigeant de par sa forme et sa langue, semble quand même plutôt ciblé pour un public assez spéficifque.
Il n'est pas certain, mais on peut évidemment se tromper, que le prix Goncourt s'il lui ait été décerné opterai pour un choix très populaire..