Elle est l'une des voix qui ont bercé des générations d'enfants, grâce à ses histoires à écouter.
Mais elle n'est quand même pas que cela. Pendant plus de 20 ans la jolie frimousse pleine de tâches de rousseur de Marlène Jobert a illuminé les écrans des salles de cinéma français.
Marlène Jobert était présente à Lyon jeudi après midi lors d’une masterclass au Pathé Bellecour animée par Jean Pierre Lavoignat..
On était tous visiblement très émus et heureux de retrouver celle qui aura brillé au firmament du cinéma français pendant 20 ans avant de décider de tirer sa révérence fin des années 80.
Elle a notamment été l'Agathe d'Alexandre le bienheureux, la douce Mélancolie dans le sombre Passager de la pluie, la vibrante Charlotte dans Les Mariés de l' An II, et la bouleversante Catherine de Nous ne vieillirons pas ensemble...
Plus d'une heure de rencontre toute en franchise, intégrité, et espiéglerie afin d'évoquer avec un Jean Pierre Lavoignat toujours parfait comme passeur, une carrière qui aura su allimer exigence littéraire et qualité populaire...
Même si Marlène Jobert a quitté la scène du cinéma français quasiment avant que je m'interesse au cinéma ( non elle a joué dans 2-3 films mineurs à la fin des années 80 comme Promotion Canapé de Didier Kaminka) et que je suis de la génération qui la connait plus en tant qu'auteur de contes pour enfants, sa seconde carrière, elle reste largement dans l'esprit de pas mal de gens une de nos plus populaires actrices françaises
Il faut dire qu'elle a tourné avec les plus grands réalisateurs (Godart, Malle, Audiard, Simenon, Chabrol, Rappeneau, Pialat…) et joué avec les plus grands comédiens (Blier, Ventura, Montand, Belmondo, Bronson).
Dans cette rencontre et comme elle avait fait dans son autobiographie,"Les Baisers du Soleil", sorti chez Plon en 2014, elle est revenue sans faire semblant sur ses moments douloureux de son enfance, mais également les instants joyeux.
On apprécie l'image de la personne qu'elle renvoie, entière, intégre et privilégiant avant tout sa vie de famille. Marlène Jobert reviens avec nostalgie sur les moments forts de son enfance, son entrée inopinée au consevatoire, et ses vingt ans de carrière au cinema.
Des anecdoctes sur sa rencontre avec les plus grands acteurs français et américains jalonnent son parcours hors norme.
C'est l'occasion idéale d'en apprendre (un peu) plus sur celle qui a tourné avec les plus grands tels que Godart, Malle, Audiard, Simenon, Chabrol, Rappeneau, et l'innénarable Maurice Pialat à qui Marlène en rajoute un peu une couche sur son mauvais caractère légendaire …
Extraits de sa master class du 20 octobre 2022 au Pathé Bellecour
J'ai débuté au cinéma avec Godard pour Masculin féminin. C’était ma première expérience au cinéma et j’imaginais qu’il y avait toujours un lien avec le réalisateur. Or, avec Godard, rien. Il me disait : « Tu rentres par là tu sors par là point ». Je me suis dit : « Je vais peut-être retourner au théâtre si c’est comme ça le cinéma… ». Je n’ai jamais plus revu Godard.
Nous ne vieillirons pas ensemble (1972) est sans doute mon tournage le plus houleux. Quand un rôle est bien écrit vous entrez dedans facilement, les dialogues de Pialat étaient si bien écrits qu’ils en semblaient improvisés. J’avais envie de faire un cinéma comme ça, « couillu ».
J’aimais bien Jean Yanne. C’est un souvenir spécial car Pialat avait un talent fou mais alors un caractère aussi détestable qu’attachant. Et les rapports avec Jean Yanne étaient très compliqués. Dans ce scénario, Pialat avait pris un malin plaisir à rendre son personnage autobiographique odieux, et dès que Jean Yanne essayait de rendre son personnage plus sympathique il devenait fou. Jean Yanne me disait : « Va dire à ce malade que je dirai pas sa réplique de débile ». Pialat : Va dire à ce con que s’il continue je quitte ce tournage »
"J'ai arrêté le cinéma car je n’arrivais pas à être aussi une mère attentive. J'ai souhaité me consacrer à l'éducation de mes jumelles Eva et Joy, nées de mon union avec Walter Green. J’ai lu beaucoup de contes à mes filles... J’ai commencé à en inventer, j’y ai pris plaisir et je me suis découvert cette aptitude. Et je les ai interprétés car pourquoi les faire interpréter par quelqu’un d’autre ?
La reconnaissance fait beaucoup de bien… Les plus âgés m’ont connue en tant qu’actrice et les plus jeunes en tant que conteuse, ça fait trois générations finalement.
Quand ma fille Eva m’a dit « Ça me brule, j’ai envie », je ne voulais pasforcément qu'elle y aille mais il est vrai qu’elle est très douée. À l’étranger, je suis la mère d’Eva Green et ça me va très bien.
Photos de Fabrice SCHIFF