[CRITIQUE] "Couleurs de l’incendie" : l'élève Clovis Cornillac ne dépasse pas Lemaitre!!
1927, après le décès de son père, Madeleine Péricourt prend la tête de l’empire financier dont elle hérite.
Deux ans plus tard, rien ne va pour Madeleine Pericourt: son père Marcel vient de mourir faisant d’elle la nouvelle directrice de la banque, son fils Paul rate sa tentative de suicide le jour des funérailles et reste paraplégique et proche d’une cantatrice, Solange, et le banquier Gustave Joubert, un soi-disant ami proche, ne rêve que de dilapider le clan Pericourt.
Quelques mois seulement après le déjà moyen C’est magnifique!, le très sympathique et très lyonnais Clovis Cornillac nous propose un nouveau long métrage en tant que réalisateur, avec un projet ambitieux, puisqu'il ose une nouvelle adaptation cinéma de l’auteur Français à succès Pierre Lemaitre après Au revoir là-haut, adapté en 2017 au cinéma par Albert Dupontel, avec le succès public que l'on connait ...
Taisons d'emblée le suspens : le film de Cornillac échappe difficilement à la comparaison à celle de Au revoir là-haut, premier tome de la saga* de Lemaitre, magistralement réinventé par Albert Dupontel .
Force est de constater qu'exception faite d'une première scène d'obsèques assez flamboyante, c'est vite la soupe à la grimace tant la réalisation de Cornillac manque de souffle et d'ampleur et fait plus penser à une saga télévisuelle qu'un film de cinéma.
Couleurs de l’incendie montre assez bien grâce à une reconstitution soignée la grande crise des années 1930 , mais le tout manque sérieusement d'envergure et possède hélas un côté carte postale sépia colorisée ..
La mise en scène, scolaire et sans inventivité, de Couleurs de l'incendie plombe un film dont les rebondissements ne semblent plus répondre à autre chose qu'à une mécanique de scénario, sans âme ni lyrisme.
Si le genre du feuilleton à la Dumas avec rebondissements à chaque page et personnages croqués rapidement fonctionne très bien sous la plume de Lemaitre, ici l'ensemble fait un peu plat et suranné, et le sens de l'ironie et du rythme de Pierre Lemaître font cruellement défaut.
Si le casting féminin s'en sort plutôt avec les honneurs, avec à sa tête une Léa Drucker assez impeccable dans le rôle titre, du côté de l'interprétation masculine, on pense notamment à Benoît Poelvoorde et Olivier Gourmet , ça en fait vraiment des tonnes dans le côté "bête et méchant", et tout cela ne fait qu'alourdir le propos.
On est surpris de voir au générique que le scénario et les dialogues sont écrits par Lemaitre lui-même car on ne retrouve pas grand chose de notre jubilation de lecture à l'époque de la sortie de ce second tome, il est vrai un cran en dessous des premiers et troisièmes volets de la trilogie.
Même si l'accueil presse de Couleurs de l'incendie semble pour le moment étonnamment plutôt bon, on serait bien surpris de voir le film connaitre le même succès public qu' Au revoir là-haut, qui avait séduit + de 2 500 000 spectateurs en 2017!!
Couleurs de l’Incendie *
De Clovis Cornillac, avec lui-même, Léa Drucker, Benoît Poelvoorde. 2 h 14. Sortie mercredi 9 novembre 2022.
* Couleurs de l’Incendie » est la suite de « Au revoir là-Haut », mais le seul personnage qui subsiste entre les deux films c’est celui, central, de Madeleine Péricourt,