[CRITIQUE] Qui a peur de Pauline Kael ? Un pur bonheur de cinéphile!!
QUI A PEUR DE PAULINE KAEL ? réalisé par Rob Garver sortira en salle le 16 novembre prochain. Ce documentaire enfin sur les écrans - il date de 2018 et a été présenté à la Berlinale en 2019- dresse le portrait de cette critique américaine à la personnalité bien marquée mais surtout marquante, profondément passionnée par le 7e art.
" Les critiques de Pauline Kael ont été ma seule école de cinéma " Quentin Tarantino
Pauline Kael, la femme qui a fait de la critique cinématographique un texte personnel, une œuvre littéraire où chaque phrase respire l'amour du cinéma.
Pauline Kael invente la vraie bonne ou mauvaise critique parfaitement subjective. Une analyse sociale, politique et artistique de l'œuvre bien sûr, mais aussi un droit à la mauvaise foi évidente et à la méchanceté pourtant jamais gratuite.
Elle invente la critique intime, viscérale et morale avec une liberté de ton et d'écriture qui font d'elle une véritable écrivaine.
De grands comédiens et cinéastes s'en souviendront longtemps, Charlie Chaplin, "Les feux de la rampe " un auto apitoiement fort désagréable, Orson Welles, mais qui a vraiment écrit "Citizen Kane"?
David Lean, qui fut déconstruit méthodiquement au cours d'une brève rencontre newyorkaise, Clint Eastwood et son célèbre "Dirty Harry, un film fasciste" , oui elle a osé dauber sur ces grands du septième Art et d'autres encore.
Descendre goulument " La Mélodie du Bonheur" cinq oscars au compteur, il faut quand même un peu de culot. Trouver "Shoa" de Claude Lanzman trop long, il faut aussi quelques arguments.
Mais quand elle aimait, elle aimait vraiment.
Pauline Kael est la première critique qui a pu avoir de l'influence sur la vie d'un film, ses textes étaient parfois plus agréables à lire que la vision des films qu'elle critiquait.
Elle adorait aussi bien aimer que s'indigner. Pauline Kael avait une voix, elle aimait plus que tout découvrir de nouveau cinéastes.
Son analyse de "Bonny and Clyde" dans "Le New-Yorker" a littéralement fait la carrière du film et assis sa réputation de critique indispensable.
Elle a fait découvrir au grand public américain la Nouvelle Vague française et le néo-réalisme italien aux américains, elle a porté Altman, Beatty, Scorsese, Spielberg, Coppola, De Palma à bout de bras dès leurs premiers films.
Elle adorait le cinéma et savait en parler, mais pourquoi détestait-elle autant Stanley Kubrick ? La mauvaise foi et la liberté de ton probablement.
"Qui a peur de Pauline Kael?" est un pur bonheur de cinéphile, un concentré de vrai bon cinéma. Une foultitude de documents rares et d'interventions passionnantes de cinéastes, de critiques et de proches qui l'ont côtoyée, aimée et détestée.
Si vous connaissez Pauline Kael, vous avez surement dans votre bibliothèque les deux recueils de ses chroniques européennes et américaines parues chez Sonatine Éditions en 2010 et vous attendez avec d'impatience le 16 novembre jour de la sortie en salle du film de Rob Garver.
Je vous assure que vous ne serez pas déçus !!
Si vous n'en aviez jamais entendu parler, courez-y, car ce film est une master class incontournable pour tous les étudiants en cinéma et à tous les cinéphiles, et acheter les livres. Incontournable je vous dis !
Qui a peur de Pauline Kael ***
Documentaire américain de Rob Garver
Sortie le 16.11