Gros évènement de la rentrée théâtrale sur Lyon  la trop rare et toujours formidable Ludivine Sagnier vient jouer toute la semaine au Théâtre de La Croix-Rousse  la pièce "le consentement", adaptation par Sébastien Davis, du récit choc de Vanessa Springora 

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"Depuis tant d’années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre."

Voilà tout juste trois ans, Vanessa Springora a publié un texte qui avait été un véritable détonateur dans la rentrée littéraire de janvier 2020 connaissant une véritable déflagration médiatique. 

Dans Le consentement,  livre bouleversant et glaçant, Vanessa Springora revenait sur sa relation qu'elle a eu à son adolescence avec le célèbre écrivain pédophile G M que tout le monde avait reconnu comme  l’écrivain Gabriel Matzneff.

Un livre essentiel  qui permettait de  donner une voix aux victimes afin qu'elles cessent de se sentir coupables d'avoir été des victimes..

Un texte uppercut qui a marqué durablement le metteur en scène Sebastien Davis qui s'en empare pour une adaptation sur les planches que le Théâtre de la Croix Rousse propose en ce début d'année 2023.  

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Seule sur scène,  l’actrice Ludivine Sagnier, que le metteur en scene connaît depuis près de trois décennies,  porte la parole de la narratrice et plus largement de toutes les “victimes consentantes”. 

Car Le Consentement », de Vanessa Springora, est le récit d’une jeune fille mineure aux prises avec un écrivain célèbre et quinquagénaire. Ce consentement dont elle parle, c’est le sien tout d’abord.

Celui d’une adolescente en manque de figure paternelle, éprise d’un artiste charmant pour qui le grand amour est synonyme de passion et de transgression.

Mais c’est aussi le consentement de la société qui l’entoure, qui attribue des passe-droit dès lors que l’on appartient à un certain milieu, que l’on atteint une certaine renommée.

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 Avec  énormément de justesse et ce mélange de force et de candeur qu'elle a souvent déployé sur grand écran, Ludivine Sagnier  incarne aussi bien l’autrice, que, plus tardivement dans la pièce, son prédateur ou sa mère, dont la passivité alors qu'elle connaissait la réputation de l'écrivain laisse songeur.

La mise en scène simple et dépouillée , mais parsemé de quelques belles idées visuelles,  de Sébastien Davis,  épouse au mieux les contours de l’histoire de cet écrivaine, porté par la musique de Dan Levy, qu'on connait comme étant le co leader du groupe The Dø et le compositeur du film "J'ai Perdu mon corps",  et qui joue  ici de la batterie. en live.

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Ce musicien, derrière son set électro,  est à la fois accompagnateur, partenaire de notre présent mais également un rival de V.

Autre que l’incarnation d’un personnage du passé, la mise en scène convoque, par le simple fait d’un regard, les tensions qui peuvent exister entre deux êtres, les rapports de force.

Avec ce spectacle essentiel et percutant, Sébastien Davis livre un reflet précieux de son époque et du phénomène #Meetoo ,  et dans le même élan, il questionne avec intelligence et sensibilité les dérives d’une époque.

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 Le consentement

Texte de Vanessa Springora

Mise en scène : Sébastien Davis

Du 4 au 7 janvier à 20h et 19h30 le jeudi et le samedi au Théâtre de la Croix-Rousse.

Prix des billets de 5 à 27 euros