Pour/Contre : Astrakan de David Depesseville
Après plusieurs courts-métrages, David Depesseville, producteur, scénariste et réalisateur, livre son tout premier long-métrage Astrakan, un conte familial qui nous plonge dans les profondeurs des l'enfance et les souvenirs enfouis.
Le film sort en salles le 8 février 2023 et, à Baz'art, cela se déchire devant ce cinéma qui devrait aussi diviser lors de sa sortie prochaine :
Samuel est un orphelin de douze ans à l’allure sauvage. ll est placé depuis quelques semaines dans le Morvan chez Marie, Clément et leurs deux garçons. Samuel s’émancipe, découvre les sensations et les troubles de son âge, mais très vite il doit aussi faire face aux secrets de cette nouvelle famille. Jusqu’à ce que, un jour, tout en vienne à se transfigurer.
David Depesseville dépeint avec finesse de thèmes durs, comme la cruauté de la maltraitance infantile, physique et psychologique, ou les abus sexuels, avec une tension singulière et dans un décor presque fantastique et intemporel, comme le Morvan en offre encore beaucoup.
Le cinéaste, portée par une mise en scène pastorale, assez loin du naturalisme, distille avec pas mal de subtilité une tension liée pas mal aux actions des adultes tous un peu borderline et pas vraiment responsables.
David Depesseville parvient à trouver la juste distance pour filmer cette histoire qui flirte avec le sordide mais qui parvient à transcender grâce à quelques belles idées de mise en scène (les 15 dernières minutes, très musicales, proche de la transe).
Une bonne surprise !
Philippe H
Ne soyons pas trop dur avec ce premier long-métrage, il y a une image et une manière de filmer à la Pialat première époque.
Celui de " L'enfance nue" ou bien de " La maison des bois ", une approche à hauteur d'enfant du monde incompréhensible des adultes et une description cru et sans fard d'une France oubliée.
Bon ça c'est fait.... C'est justement la limite de l'indulgence du spectateur, le film de David Depesseville est peuplé de personnages d'un autre âge, dans un Morvan où le temps s'est arrêté au siècle dernier.
On bat un enfant et on le traite d'abruti devant l'épicier, surtout si il est orphelin et personne ne réagit, on l'exorcise ( oui, oui exorcise ) lorsqu'il est trop désobéissant et si il dépasse vraiment les bornes, la maman de la famille d'accueil le confie à son agriculteur de frère qu'elle sait pédocriminel.
Je sais, je viens de relire cette phrase et je me demande si j'ai bien tout compris, je vérifie... et confirme, nous sommes bien au XXI -ème siècle, il y a UN téléphone portable et les enfants paient le cinéma en euro.
Bref un scénario qui part en quenouille et des dialogues d'une triste platitude.
Tellement plat qu'il se dégage à la vision de ce film un étrange malaise, comme une vision méprisante et réductrice de cette France que certains hommes politique ont osé qualifier "d'en-bas." Dommage pour le Morvan et les morvandiaux qui méritent mieux.
Difficile pour les acteurs de sauver le film et de se sauver eux-mêmes, Bastien Bouillon et Jehny Beth font ce qu'ils peuvent, on s'attendrait presque à les entendre parler le bourguignon-morvandeau, mais à l'impossible nul n'est tenu.
N'est pas Truffaut, Eustache ou Vigo qui veut.
Michelio