Baz'art  : Des films, des livres...
22 janvier 2023

Ramzy Bédia : «Dans Youssef Salem a du succès, tout est faux, mais le fond est juste »

 En ce dimanche soir, veille d'un lundi qui ne sera pas le Blue Monday certes mais qui ne s'affiche pas des plus enthousiasmants non plus, on vous propose une petite rencontre avec le formidable comédien  Ramzy Bedia à l'occasion de son actualité sur grand écran.

 Dans "Youssef Salem a du succès", en salles depuis mercredi dernier,  celui qui a été révélé il y a presque trente ans avec son comparse Eric Judor joue à la perfection un romancier vaguement alcoolique, ayant des rapports lointains avec la réalité et qui manifeste une gentillesse réelle..

L'occasion idéale pour le rencontrer sur Lyon en décembre dernier et lui parler du rôle et d'une (petite) partie de sa carrière :

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Peut on parler d'autobiographie ? Autrement dit, Youssef Salem, c’est bien Ramzy Bedia ?

Ramzy Bedia : Oui, on peut dire que ce personnage est vraiment très proche de moi.

Tout est faux, mais le fond est juste. Mon personnage a le cul entre deux chaises, et moi, je connais cette dualité entre le milieu artistique et la famille traditionnelle à laquelle il est attaché.

Je vis la même chose entre le milieu du cinéma et chez moi, ma famille normale et aimante.

C’est comme si j’avais été préparé à le jouer. Les choses sont si séparées que quand j’arrive à la maison, chez mes parents, c’est fini, il n’y a plus rien !

Je dois me lever pour aller chercher un café, je redeviens un petit garçon de douze ans ! A la maison, leur regard ne change pas, ils n’arrivent pas à me voir comme quelqu’un de connu .

Le film parle beaucoup de la famille et des tabous…

Ramzy Bedia : Et des familles soudées, unies, qui parfois se déchirent. Mais tout ça tient parce qu’il y a un fond d’amour et que chacun a son petit jardin. Chacun a ses secrets. C’est, à mon sens, ce que le film raconte. Et c’est comme ça dans toutes les familles. 

 Dans toutes les familles, c’est pareil : on veut s’émanciper, devenir quelqu’un. C’est universel. Ici, c’est un auteur, l’édition, une famille arabe, mais ça pourrait être n’importe quel métier,  n'importe quel milieu .

Dans une scène du film, alors qu'il est invité dans un talk-show, Youssef se fait traiter de « collabeur » et se voit accuser de donner une mauvaise image des Arabes.  « Je ne représente personne, je revendique même un droit à la médiocrité », répond votre personnage. Quel est votre avis à vous sur cette question épineuse par nature? 

Ramzy Bedia  : En fait, je ne revendique rien mais si on attaque mes racines et ma culture, je peux mal le prendre. Si on critique les valeurs de mes parents, je ne peux pas laisser dire.

J'ai un respect infini pour eux, qui étaient des musulmans exceptionnels.

Je ne vais pas à la mosquée mais je fais le ramadan.

Notre islam est tellement tolérant et respectueux. Ça m'aide à être un homme bien. 

Vous partagez l'affiche avec votre soeur Melha qui joue aussi votre soeur dans le film et votre complicité sur l'écran saute aux yeux 

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 Ramzy Bedia  : Il n’y a pas une scène entière que l’on aurait gardée parce qu’on avait fait une bonne impro.

Dans ce film, non ! Ce ne sont que des petites choses : une phrase ou deux dans une scène, çà et là.mais: quand c’est bien écrit, on n’a même pas besoin de changer les mots…

Certaines fois oui, sur d’autres films, Il y a des textes qu’il faut se mettre en bouche, avec nos mots à nous. Mais là, il n’y avait pas ce travail à faire. On a parfois insufflé des petites fulgurances. Mais on était déjà bien servis !  "

Je suis  soulagé de voir que Melha a du talent, qu’elle fait des trucs bien   à ce niveau la, j'ai le cœur léger,  Que je sois acteur, c’est incroyable, que Melha le soit aussi, c’est encore plus incroyable.

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 Il doit y avoir un bon ange au-dessus de notre tête ». À l’écran comme dans la vie,  on passe notre temps à s’insulter  Mais je la vois de moins en moins comme ma sœur, de plus en plus comme une actrice.

Et elle joue pas mal du tout, bien même ( sourires) . 


Quelques mots sur Hibou le  long métrage que vous avez  réalisé en 2015. Le film n'a pas connu de grand succès, pourtant derrière son coté absurde, il parle de votre enfance, d'après ce que j'ai pu comprendre... 

 Ramzy Bedia Oui, Hibou, c'est  totalement ma jeunesse. 

Cet homme que personne ne voit mais qui veut être vu, c’est moi pendant l’enfance et l’adolescence.

J'étais le seul mec de cité à Gennevilliers en école privée à Asnières..

J'étais déjà une grande tige. Je ne comprends pas, je mesure 2 mètres et personne ne me voit. Ce n'était pas du racisme, c'était de l'indifférence. Je n'existais pas aux yeux de mes camarades.

Jusqu'au jour où j'ai entendu quelqu'un dire : “On n'a qu'à inviter Ramzy, il nous fera marrer." Cette histoire-là a été l’évidence : personne n’aurait pu me l’enlever. Il y avait  trop de choses de moi.

Ce film,  il a fait 8000 entrées, on peut parler d'échec je crois (rires), et c'est vrai qu'il a été un peu dur à digerer vu que j'y avais passé pas mal d'années sur ce projet, mais en même temps je pense avoir eu le temps de comprendre les raisons de cet échec et je suis pret à en redémarrer un nouveau, ce qui est le cas actuellement sans pour l'instant vous en dévoiler plus ( sourires)..

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 Interview réalisée le 15 décembre 2022 à Lyon avecTandem films et le cinéma Pathé Lyon

Crédit photo: Fabrice SCHIFF

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