Sur les rives du Mont Blanc se tournait en 2021 le long métrage «La montagne”, le second long-métrage de Thomas Salvador après “Vincent n'a pas d'écailles » qui sort en salles ce mercredi (voir notre chronique) et qui a été récompensé hier du prix du jury et du prix de la critique au festival de Gerardmer.
Le film raconte l'histoire d'un Parisien de 40 ans, qui, au cours d'un déplacement professionnel à Chamonix, tombe amoureux de la montagne et de la région, et décide de ne plus en repartir.
L'effondrement d'une paroi rocheuse lui révélera un mystère…
Le réalisateur est venu présenter « La Montagne » à Lyon il ya quelques semaines au cinéma le Comoedia , l'occasion de recueillir quelques impressions de tournage
Ode à une passion de jeunesse
« Quand j’étais adolescent, je voulais être cinéaste et guide de haute montagne. J’ai fait beaucoup d’alpinisme entre 15 et 25 ans. J’y suis un peu retourné pour le film. C’est un peu une déclaration d’amour à la montagne. J’ai eu un grand plaisir à partager ce que j’aime dans ces paysages. »
Péril des cimes
« Avec le réchauffement, les montagnes se cassent la gueule, les glaciers fondent. J’ai halluciné de voir comme les décors que j’ai connus il y a vingt ans ont changé.
Pendant le tournage, tous les jours, on entendait des effondrements. Ça devient beaucoup plus dangereux qu’avant parce qu’on se prend des pierres de la taille d’un autocar Je tenais à ce que le film soit quand même » optimiste « , avec beaucoup de guillemets. Le personnage va très loin, il est près de disparaître à jamais, mais il revient. C’était important de raconter que ce monde est dur mais que ça vaut le coup d’essayer. "
Des conditions de tournage particulièrement rudes
« Pendant le tournage, on a eu la pire météo depuis vingt ans. En juillet, il neigeait sur notre décor. Je réalise maintenant que c’était un peu une folie. Je ne me l’étais jamais formulé en faisant le film.
Le tournage en montagne était très physique et éprouvant, et le vivre en tant qu’acteur me donnait un accès direct à ce que traverse Pierre.
Cette manière pour moi de vivre l’aventure du personnage, avec ce que cela comporte en terme d’engagement ou de danger, crée je l’espère une sensation d’évidence, et renforce l’empathie que l’on peut avoir pour Pierre.
Mais c’était une très belle aventure humaine, en très petite équipe : on était cinq ou six pour tout ce qui a été tourné en montagne. Ça nous a permis de tourner très longtemps et de capter des moments magiques.
À Chamonix nous avons été bien accueillis car la plupart du temps les films de montagne racontent des exploits ou bien des catastrophes.
Et nous ne venions pas « utiliser » les montagnes comme toile de fond spectaculaire, mais essayer de vivre une expérience avec elles.
La montagne change tout le temps et très vite, et je voulais qu’on le ressente. J’espérais- et je l'ai eu- qu’il pleuve, qu’il neige, fasse chaud, froid, je voulais qu’on perçoive avec le personnage cette variété de lumières, ce que c’est que d’être dans ou au-dessus des nuages.
Pour cela, et afin d’être très mobile et réactif, nous avons fait le choix d’être le moins nombreux possible, cinq techniciens maximum.
Il faut être très humble en montagne, ne pas y aller en conquérant, et accepter que ce soit elle qui dicte sa loi. Se laisser inviter d’une certaine manière."
Pas un film à message
"Comme l’explique à Pierre l’infirmière dans le film, la montagne est un mille-feuilles de rochers qui tient grâce à la glace qui agit comme un ciment, et que le réchauffement climatique fait fondre. Il me semblait donc inconcevable de faire aujourd’hui un film en montagne qui ne prenne pas en compte la réalité de ce qui s’y passe, les changements qui s’y opèrent.
La fonte des glaciers est d’ailleurs l’un des indicateurs les plus visibles du dérèglement climatique. Cette dimension écologique et l’effondrement des montagnes se sont donc tout naturellement imposés dans ce projet, d’une manière que j’espère organique et non théorique"..
Louise Bourgoin, actrice terrienne et mystérieuse
"Mon film est aussi une histoire d'amour j'y tenais vraiment, et il fallait pour cela que je trouve une actrice formidable pour jouer celle qui pourrait revenir Pierre à la vie.
Léa, je suis heureux que cela soit Louise Bourgoin l’interprète
. Elle lui apporte sa lumière et d'ailleurs je m’amusais sur le tournage à dire que c’était elle la créature lumineuse (sourires) ...
Et surtout, elle lui offre de nombreux visages en étant tour à tour douce, forte, intense et mystérieuse.
Louise a ce côté terrien et très incarné.
Elle a cette capacité à habiter simplement un personnage, ou à rendre évident le métier de Léa, son rapport à la montagne alors même qu'elle était jamais allée à la montagne de sa vie avant le tournage (rires) .. "
Thomas Salvador sur le tournage de LA MONTAGNE — Massif du Mont-Blanc (74)
coproduit par Auvergne Rhône-Alpes Cinéma.
©Claire Nicol / Christmas in July, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma 2021
interview réalisée au cinéma le comoedia de lyon le 12 janvier 2023