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6 février 2023

Rencontre avec Cerrone, le pape du disco à l'occasion de ses 50 ans de carrière

  Marc Cerrone, pionnier  du mouvement disco était de passage à Lyon pour un concert au Transbordeur, le  vendredi 27 janvier dernier.

Un concert,  enfin si on veut être rigoureux, disons plutôt un DJ set qui revisite ses cinquante ans de carrière.

 Avec une carrière exemplaire, cinq Grammy Awards, des millions de disques vendus, un opéra rock au Trocadéro en 1988, la plus grande discothèque du monde devant le Château de Versailles en 2005, 24 albums studios et un son de grosse caisse reconnaissable, Cerrone est toujours curieux et passionné par la musique actuelle.

On a pu s'en rendre compte au cours de l'échange qu'on a eu avec lui quelques instants avant le concert  pour une petite revisite de son immense parcours : 

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Marc, comment vous expliquez de votre point de vue le revival actuel du disco?

 Le disco a toujours été là, c'est juste que c'est redevenu branché. 

C'est étonnant pour un mec comme moi qui a 50 ans de carrière, mais ça me donne le sourire. 

C'est une tendance qu'on voit partout dans le monde avec des DJ comme Calvin Harris où l'on retrouve aussi l'imagerie et l'esthétique du disco, que ce soit dans ses clips et sa promotion, mais aussi en France avec Christine & The Queens et Clara Luciani. 

C'est extrêmement bien produit, pas comme de la pop, mais plus comme de la musique pour faire danser.

C'est-à-dire qu'entre les refrains et les couplets, il y a des ponts avec des orgues par exemple qui laissent de la place aux orchestrations.  

L’objectif numéro un du disco c’est d’être festif et sexy et c’est pour ça que 50 ans après sa naissance le genre est plus que jamais présent !“

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 Quand on dit de vous que vous êtes le fondateur du disco, vous le revendiquez ou pas?

Non, je ne me considère pas vraiment comme un musicien disco.

J'ai tendance à dire que je fais du Cerrone, pas de la disco. Des gens comme Nile Rodgers, Gorgio Moroder ou moi-même sont à l’évidence à l’origine de cette musique , mais on n’a pas fait toute notre carrière avec.  Ma passion à moi , c’est de donner du plaisir et de la joie aux gens.

Le disco est une musique qui a été inventée dans les années 70 pour danser, s’amuser, se séduire et s’envoyer en l’air. donc c'est pour cela que le disco et moi on peut dire que ca bien matché et que cela continue de le faire (rires) ..

Mais si on veut vraiment creuser le truc, on peut dire que j’ai donné naissance à ce rythme de batterie que les Anglais appellent “Four on the floor.  

Cerrone ©Radio France - Alexis Goyer

C'était quoi vos meilleurs souvenirs de l'âge d'or du disco?

À la grande époque du disco, on ne vivait que la nuit, on fuyait la pop calibrée pour les radios, on détestait les nightclubs avec leur quart d’heure de slows suivi d’une demi-heure de tubes avec un DJ qui parlait par-dessus les disques.

Le disco était une musique spécialement conçue pour les discothèques, qui poussaient à cette époque comme des champignons, pour que les gens se sentent sexy, dansent et oublient leurs problèmes à la porte.

Mais les DJ’s manquaient de matériel, de morceaux qui possédaient cet esprit et suffisamment longs pour mettre en transe les danseurs.

Moi et quelques autres, on a commencé à s’engouffrer dans cette faille, à fabriquer de la musique spécialement pour les discothèques.

Le disco, c’est un état d’esprit, une façon de penser la production comme un voyage, la bande son d’un film imaginaire, c’est se mettre dans la peau des danseurs.

Pourquoi avoir eu envie de revisiter vos meilleurs titres dans l'album Cerrone by Cerrone (voir notre chronique ici même) sorti en octobre dernier?

Cet album Cerrone by Cerrone, je l'aime beaucoup, ce sont de nouvelles productions de mes titres les plus célèbres.

Quand j’ai commencé à faire des DJ sets, je trouvais que mon son était un peu vieux.

Au fur et à mesure, j’ai un peu modelé mes titres, en empruntant certains codes des DJs actuels.

J’ai voulu avoir un seul chanteur, Brendan Reilly, pour avoir un concept, une sonorité.

Vous venez tout juste de sortir un morceau en NFT, en quoi consiste ce nouveau format ?

 For You est un  nouveau single que les gens  peuvent se procurer sous la forme d’un NFT, un "exemplaire virtuel d’une œuvre", en série limitée à 1.000 exemplaires, via la plateforme Pianity. 

Les collectionneurs peuvent par la suite décider de conserver ou de revendre leur NFT, à prix fixe ou aux enchères.  

J’aime ça, car j'ai toujours été à l’affût des nouvelles technologies, au cours de mes cinquante ans de carrière.

J’ai vécu l’arrivée du Walkman, du CD, de la téléphonie, et j’en passe. Ce format NFT, je pense que c’est plus culturel que simplement technologique. Alors j’ai produit un titre évoquant mes cinquante ans de musique.

Il commence par une formule très orchestrale, enregistrée en live, et il se termine de façon plus minimale, très électro. 

erronePourriez vous nous dire quelques mots sur vos récentes collaborations les plus marquantes avec d'autres artistes  ces dernières années, et peut etre celle à venir aussi?

"En 2020, j’avais collaboré sur un morceau (Expérience, ndlr) avec le rappeur Laylow. Puis, l’été dernier, j’ai sorti un titre avec l’Allemand Purple Disco Machine (Summer Lovin’).

J’en ai quelques autres qui sortiront en 2023. Il y en a un notamment avec l’Anglais Jamie XX, pour le printemps, avec un sample de la voix de Lauryn Hill. Quand j’ai dit que je ne le connaissais pas, on m’a regardé comme un abruti, comme un vieux de mon âge. Effectivement, il a des titres écoutés des centaines de millions de fois!"

Et sinon,  je vais faire quelque chose avec Marc Lavoine. On a des amis en commun et il y a deux mois, il m’a appelé pour déjeuner.

Il m’a expliqué qu’il était embarqué dans une tournée de 120 dates. Et au bout d’un moment, il m’a dit qu’il finissait son tour de chant avec Give me Love!

En fait, sur la chanson, il a placé les textes d’un autre titre à lui (Je me sens si seul).

Il m’a proposé de venir jouer de la batterie, pour faire la surprise pour sa scène parisienne au Palais des congrès en décembre dernier, ce qui a vraiment  été un chouette moment et cela nous a donné envie de composer ensemble.

On a bien commencé à travailler ensemble mais je ne peux encore trop en dire, on verra où ça peut aller.

 photographe : Thierry le Gouès 

  Crédit Photo Thierry Le Gouès

Merci à l'agence Gilles Paris pour la tenue de l'ITW 

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