LES VOISINS de Diane Olivier : "l'afro-american way of life" entre crainte et espoir
Quatorze nouvelles crues et frontales. Quatorze documents littéraires sur la vie de familles afro-américaines dans l'Amérique des sixties. Écrites entre 1965 et 1966, ces scènes de vies quotidiennes nous font pénétrer au cœur de l'intimité de la classe moyenne noire qui tentent de se raccrocher aux wagons de l'American way of life.
Diane Oliver, est décédée à l'âge de vingt-trois ans dans un accident de la route. La jeune femme au talent prometteur n'a laissé qu'une quinzaines de nouvelles qui nous parlent de son Amérique. Un pays et une époque où la ségrégation raciale était toujours en vigueur dans les États du Sud.
Enfance, couple, famille " Les voisins" est une description froide, sans misérabilisme ni militantisme. Diane Oliver nous conte, tout simplement, la vie dans la crainte de "l'afro-american way of life".
Heureusement quelques bouffées d'espoir et d'optimisme viennent contrebalancer le tout!
Quatorze nouvelles belles et fortes comme des illustrations de Norman Rockwell, grand défenseur des droits civiques à cette époque.
Diane Oliver 1944 – 1966, un talent à découvrir, bref et fulgurant comme un éclair.
Extraits :
" Le dispensaire du comté se trouvait au premier étage, au dessus du tribunal. Pendant que les enfants gravissaient les marches, elle essaya d'arranger leur tenue. Elle rentra le pan de chemise de Wincker et tenta de faire tenir Hamlet tranquille le temps de frotter les traces de Coca-Cola qui maculaient son pantalon. C'est seulement en passant devant une porte de bureau vitrée qu'elle découvrit son propre reflet. Sa robe de coton était trempée à l'épaule, à cause des renvois du bébé. Elle rassembla sa petite troupe et laissa Meetrie ouvrir la marche pour grimper jusqu'au cagibi où l'on recevait les gens de couleur, après la salle d'attente principale. "
" Cela faisait trois semaines que les Blancs leur envoyaient des menaces. Certaines lettres étaient adressées à la famille, mais la plupart visaient directement Tommy. Environ une fois par semaine, une missive de la même écriture manuscrite les mettait en garde : le petit garçon ferait mieux de ne pas déjeuner à la cantine, car ils avaient l'intention de l'empoisonner.
Ils recevaient ce genre de courrier depuis le jour où la direction de l'école avait rendu public le nom de Tommy. Elle coupa la pomme de terre et jeta les morceaux dans la casserole d'eau froide. De tous les candidats, il avait été le seul dont le conseil d'établissement ait accepté le transfert en école élémentaire. D'après ces gens, les autres n'étaient pas domiciliés dans le coin. Tandis qu'elle retirait les yeux d'une autre patate, elle songea à la première lettre qu'ils avaient reçue, et à son père qui s'était contenté de la brûler dans le cendrier. Mais par la suite, Maître Belk avait dit qu'ils feraient bien de conserver les autres, au cas où, si jamais ils avaient besoin de preuves pour le tribunal."
* autour de la chronique de ce livre deux illustrations de Norman Rockwell que l'on adore :
1. " Notre problème à tous " qui montre une petite fille noire qui part à l'école protégée par des agents du FBI cette image nous met les poils...
2. " Les nouveaux voisins" images plus douces d'enfants qui s'observent...si ce n'est pas possible pas grave mais au moins je t'aurais peut être fait connaitre deux illustrations fortes