Bowie comme Bowie : Dans les méandres de la folie bowienne – Théâtre La Flèche (Paris)
Pleins feux sur une chambre aux milles indices : une veste bleue traîne sur le dossier d’une chaise. Elle-même est tournée vers une coiffeuse vintage rénovée qui cache une perruque rouge. Les lumières se concentrent sur cette estrade ronde. Hermione Lebeau se précipite sur ce praticable avec sa robe rose tournoyante. Lumières, tenue, tout doit être parfait pour le jour J !
Hermione attend ce jour depuis sa naissance, elle va animer une conférence sur David Bowie, son idole. Conçue sur Modern Love, prénommée d’après Letter to Hermione, les ondes d’excitation dépassent la pièce.
Au gré des premières minutes d’introduction, narratrice et personnage se confondent. David apparaît devant nous, prêt à renouveler son identité : David Jones sera Bowie, en référence à ce long couteau cambré texan. Les paroles ne transpercent pas encore, le corps le fera ; son corps devient objet et sujet de créativité sans limite. Il se mue en Ziggy Stardust, Aladdin Sane ou encore The Thin White Duke.
La jeune femme nous conte la construction de la légende avec une pédagogie subtile et un jeu rempli de sincérité, de ses débuts dans le Swinging London au single « Space Oddity», son premier tube populaire, si bien porté par la voix merveilleuse de Laura Segré-Cénat, sans occulter sa psychologie. Ici, la mutation de personnages apparaît comme un besoin d’être quelqu’un d’autre et une « folie créatrice » hommage à l’influence de son frère Terry atteint de schizophrénie. Un frère de sang qu’il finira par pleurer aux côtés d’un autre frère tombé sous les balles de Mark Chappman, en l’occurrence, John Lennon.
Le récit se déroule de manière si naturelle qu’on ne s’interroge pas sur la source. Hermione, merveilleuse interprète du répertoire bowien, aborde indirectement une autre phase de sa personnalité. Le déclic s’opère à l’évocation de Mark Chappman, le praticable devient lieu de recueillement. Les bougies se recoupent comme dans un rite. Cette passion se découvre être une folie obsessionnelle. Hermione pense avoir un lien « spécial » avec l’artiste et veut lier sa propre folie créatrice à la sienne. L’ambiance s’assombrit sous un emprunt aux codes de genre horror-psycho. Révéler cette autre facette rajoute une matière conséquente au fil narratif (peut-être un peu dommage qu’il se fasse en dernière partie abruptement…).
Bowie comme Bowie n’apparaît pas seulement comme un moment pour les fans ou juste curiuex.ses de se replonger dans l’univers Bowie et sa vie mais aussi nous questionne sur notre propre rapport à nos idoles, ce qui fait toute son originalité. Jusqu’où ces passions peuvent-elles nous amener ? L’impact d’un artiste sur une vie est-il réel ou satisfait-il juste nos croyances ? Toutes ces interrogations sont possibles grâce au personnage tant angélique, admiratif et flippant d’Hermione imaginé par Laura Segré-Cénat !
Crédits photos : Clémence Grenat
Bowie comme Bowie
Écrit et interprété par Laura Segré-Cénat
Mis en scène par Claire Vidoni
1h05
Les vendredis à 19h
Théâtre La Flèche (Paris 11ème)
Jade SAUVANET
Bowie comme Bowie | letheatredelimprevu
Bowie comme Bowie Création 2024 A partir de 13 ans Depuis toujours, Hermione Lebeau adule David Bowie, son chanteur préféré. Dans son espace secret, elle fantasme, l'imite, lui parle. Jusqu...