Baz'art  : Des films, des livres...
25 février 2025

Les Evadés : Un plaidoyer satirique pour une meilleure justice fiscale et sociale – Théâtre de Belleville (Paris)

 

Une victoire à court terme ? Dans la nuit du 20 février dernier, l’Assemblée Nationale a adopté un impôt plancher sur le patrimoine des « ultra-riches » appelé « taxe Zucman ». Le texte tire son nom de l’économiste Gabriel Zucman, dont les travaux ont inspiré la députée écologiste Eva Sas dans le cadre de la niche parlementaire du groupe écologiste et social : cet impôt plancher s’appliquerait sur le patrimoine des 0,01 % des contribuables les plus riches en France, afin de s’assurer qu’ils payent au moins 2 % de leur fortune en impôt (contre 0,5% aujourd’hui). L’adoption de cette taxe en première lecture, en raison du soutien total des députés de gauche (face à un camp gouvernemental très hésitant et l’abstention du Rassemblement national), n’est pas garantie au Sénat, avec la prédominance de la droite et du centre.

 

Tout part des travaux de l’économiste, directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité à Paris qui ont aussi inspiré Amélie Cornu suite à une interview donné à Télérama en 2020 : face à l’avènement du néolibéralisme dans les années 70 porté par le crédo réganien « L’impôt, c’est le vol », Zucman répond « Ne pas payer les impôts est un hold-up bien plus grave, qui affecte directement la santé, la sécurité et l’éducation des plus pauvres. Et fragilise la démocratie. » Cornu décide de se plonger dans des heures d’entretiens avec personnalités politiques et expert.es de l’activisme et des questions autour de la justice fiscale. Quel moyen pour fictionner ce sujet aussi vaste, parfois technique mais toujours autant d’actualité ? Cela se concrétise donc par la création d’un collectif activiste nommé « Sauvons les riches ». Plusieurs membres sont dispatchés dans la salle à nos côtés. Au début, nous devenons les actionnaires Blue Télékom en pleine Assemblée Générale. Les dirigeants annoncent des dividendes conséquents et quelques centimes en plus pour les salariés. Le collectif déboule en plein discours distribuant des liasses de billets. C’est le premier acte.

 

Tout s’enchaîne. Rosa, journaliste d’investigation accrochée à la force du quatrième pouvoir, se fait retoquer proposition sur proposition, pas assez « accrocheuses » selon son rédacteur en chef. Puis un scandale d’évasion fiscale éclate alors que la campagne électorale débute. Le nom de Jacques Trompe, candidat favori à l'élection présidentielle, est cité. Rosa se lance à la recherche du mystérieux lanceur d’alerte, qu’elle estime au début membre du collectif. Seul moyen d’y arriver : proposer une immersion au sein du collectif. Lors d’une autre manifestation, elle couvre l’évènement…  jusqu’à être embarquée par la police et identifiée malgré elle comme porte-parole du collectif. D’autres personnages entrent en compte : au travers des gardes-à-vue, on suit le quotidien de policiers et leur chef, bien effacé, qui applique le schéma de maintien de l’ordre et enquête sur les révélations d’évasion fiscale.

 

Amélie Cornu avec la compagnie Licorne de Brume dessine les dessous des milieux de l’activisme militant et du système politico-médiatique qui gravite tout autour dans une très bonne satire aux gros traits, sans jamais verser dans la caricature. Grâce au burlesque, au cynisme dilué et au dynanisme des comédien.nes (citons-les tous.tes Jean Barlerin, Amélie Cornu, Tristan Legoff, Aurélie Noblesse, Cindy Rodrigues et Hugo Sablic ), Cornu interroge les propres contradictions de chaque acteur.rice de l’histoire : les sources de l’engagement, la soit-disant « neutralité » journalistique, l’éthique en question devant le procédé de l’immersion ou encore le fait que certains ne peuvent s’appliquer les valeurs avec lesquels ils ont grandi et en faveur desquels ils se mobilisent avec par exemple la question de la parité dans les milieux associatifs.

 

Du bon théâtre politique comme on aime avec beaucoup d’appels au public (bye bye le quatrième mur) et de la pédagogie pour une thématique parfois technique… Au vu du développement de l’histoire, on aurait même envie que ça continue…

 

Crédits photos : Capthéa

 

 

Les Évadés

Écrite et mise en scène par Amélie Cornu

Interprété par Jean Barlerin, Amélie Cornu, Tristan Legoff, Aurélie Noblesse, Cindy Rodrigues et Hugo Sablic 

Compagnie Licorne de Brume

1h15

Les lundi à 19h15, mardi à 21h15 et dimanche 17h

Jusqu’au mercredi 26 février 2025

Théâtre de Belleville (Paris 11ème)

 

Jade SAUVANET

Commentaires
Qui sommes-nous ?

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs avec la même envie : partager notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

Nous contacter

Envoyer un mail à l'administrateur : philippehugot9@gmail.com 

Visiteurs
Depuis la création 7 821 817
25ème édition du Festival du Cinéma Européen - FCEM Du 4 au 13 avril 2025, à Meyzieu

Parrain du Festival Philippe Rebbot

Les moments forts de la 25ème édition du Festival du Cinéma Européen - FCEM
Du 4 au 13 avril 2025, à Meyzieu
Pour tout savoir sur notre parrain, Philippe Rebbot, 

https://www.cinema-europeen.fr/

 

Le Festival des Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain revient du 26 au 30 mars 2025 !

Plus de quatre décennies que le festival Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain existe et marque de son empreinte la vie culturelle de Villeurbanne.

Cette année, le festival revient sur 5 jours au printemps au Cinéma Le Zola, après avoir fêté ses 40 ans l'année dernière.

https://www.lezola.com/les-reflets/

Du 14 au 18 avril 2025, Les Mauvais Gones reviennent dans les cinémas UGC Ciné Cité de Lyon pour une 7 ème édition sous le signe de l'univers des films de gangsters et policiers.

Au programme : 5 soirées, 5 expériences et des projections coup de poing, des rencontres exclusives et des événements taillés pour les amateurs de cinéma qui n’ont pas froid aux yeux.

https://www.lesmauvaisgones.fr/

Newsletter
149 abonnés