Baz'art  : Des films, des livres...
2 décembre 2011

Drive: une carrosserie superbe, mais....

driveA 10 minutes à pied de chez moi, se trouve le cinéma le Saint Denis,  un  cinéma de quartier. Un vrai de vrai, avec fauteuils en velours, court métrage avant le film et entracte avec vendeuse de popcorn qui se déplace à travers les rangées. Bref, un modèle  de cinéma à l'ancienne, géré par une association de bénvévoles exclusivement  et surtout un des rares de la ville qui n'ait pas (encore?) été mangé par les multiplexes.

Hélas, l'ingrat que je suis lui fait souvent des infidélités, lui préférant des Multiplexes qui ont le gros avantage de passer les films tout de suite aprés leur sortie. Alors que le Saint Denis les diffuse souvent près de deux mois aprés, et donc  seulement deux mois avant leur sortie DVD et VOD, ce qui limite la portée, souvent lorsqu'il s'agit de films dont la vision ne souffre pas trop d'un passage sur petit écran.

Pour d'autres films en revanche, que j'ai raté lors de leur sortie dans les multiplexes, et que je vois au programme du Saint Denis, j'essaie de prendre mes dispositions pour ne pas rater la dernière opportunité de le visionner sur grand écran, et d'en prendre  ainsi plein les mirettes.

C'est ce que je me suis dit lundi soir lorsque j'ai vu que mon cinéma de quartier projetait Drive, sorti déja depuisDrive golsing deux mois, mais précédé d'un tel engouement quasi général pour la beauté de sa mise en scène que ca m'embetait de rater cette occasion. Et  visiblement, je n'ai pas été le seul à penser cela car la salle était totalement pleine, et composée de vrais cinéphiles purs et dures, rien qu'à voir les commentaires trés référencés glanés à la sortie du film.

Le public semblait  en effet totalement conquis par le film de Nicolas Windind Rehn, et j'ai partagé leur avis, mais de façon un peu moins enthousiaste qu'eux.

En effet, je suis obligé de reconnaitre qu'au niveau de la mise en scène, Drive a totalement mérité son prix de la Mise en Scène au dernier festival de Cannes. Le cinéaste, un danois, reconnu notamment pour sa trilogie Pusher  et qui tournait là son premier film américain, affiche ici une maitrise absolue et totalement subjugante de sa caméra. Tous les plans sont au cordeau, sans une once de gras ou de superflu, et on pense évidemment au cinéma de Michael Mann pour sa stylisation parfaite de la nuit urbaine.

Le film, en fait, aurait pu être tourné dans les années 80 car, de la musique ( bande son aux synthés électro et à la voix aérienne qui participe au coté hyptonisant de la mise en scène) au personnage principal, figure représentative du cinéma de Don Siegel ou William Friedkin, on est  bien là dans le hommage revendiqué au cinéma d'il y a 30 ans.

Mais pour moi (et c'est pour cela que je n'ai pas applaudi à tout rompre avec mes voisins spectateurs), c'est aussi là la limite du film qui ne dépasse jamais totalement l'exercice de style, et qui surtout manque quand même de profondeur au niveau du scénario. Le driver en question reste totalement un archétype, un personnage comme on en voit que dans les films, et jamais un être de chair et de sang pour lequel on peut éprouver une vraie empathie. Ryan Golsing, encensé pour sa prestation est certes impressionnant de douleur muette et de virilité affichée, mais personnellement je le preferais dans  Blue Valentine, dans un rôle bien plus humain et touchant.

 Et le personnage joué par Carey Mulligan a bien peu de chair  à défendre : on ne sait pas exactement ce qu'elledrive-photo-carey-mulligan ressent, ni ce qu'elle désire réellement, elle reste en l'état de (joli) pantin. Et que dire encore de ces mafiosos un peu croquignolesques qu'on croirait sortis d'un film des frères Coen?

Bref, l'absence - pourtant- assumée- de psychologie m'a un peu géné, et ce qui est d'autant plus dommage que les scènes d'émoi amoureux au début avec ralentis et troubles sur les visages en gros plans, sans le moindre mot échangé sont vraiment d'une beauté visuelle renversante.

Encore une fois,  je trouve que Drive est l'exemple même du film où la forme prime sur le fond. Chez James Gray,  Alejandro Gonzales Inarritu ou Fatih Akin , pour ne citer que ces 3 là, la virtuosité de la réalisation s'accompagne également d'un scénario éblouissant de fluidité et de complexité.

Ici, et même si le noeud de l'histoire est assez original et romanesque (le "driver" va se trouver enfermé dans une sale histoire car il a voulu aider le mari de l'élue de son coeur), toute l'intrigue parrallèle m'a semblé trop faible, et surtout les personnages trop peu incarnés.

Dommage car encore une fois, au risque de radoter, je le redis : l'emballage était vraiment splendide et j'aurais aimé que le cadeau à l'intérieur soit du même niveau.

Commentaires
N
C'est drôle parce que je partage (à part ton com sur les méchants, même si je suis un peu d'accord sur leur côté relou et pacotilles) totalement ton avis et que c'est exactement pour ça que je l'adore ! Enfin, un film qui prouve que la forme peut l'emporter sur le fond - moi aussi je déteste les coquilles vides, car souvent la forme et le fond sont absents - ici la réalisation est parfaite, les travellings, les silences, les angles de vue ... la totale ! Bon je ne suis pas réalise, j'ai du voir le film dix fois depuis sa sortie ! et sa musique... <br /> <br /> <br /> <br /> Et comme je le disais tout à l'heure (ou à moi toute seule) je n'ai pas accroché à Blue Valentine , trop de pathos pour le coup ;-)
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X
Je trouve votre critique de Drive un peu sévère. On est avant tout dans nos vies des êtres de communication ; mais qu'est ce que c'est appréciable le silence. Il y a tellement d'émotion et de sentiment qui passent lors de ces moments, et ce que le film montre aisément.<br /> <br /> RG est parfait, classe et d'une sobriété sans faille.<br /> <br /> CM communique à peine plus mais elle dégage énormément d'émotion, dans la voiture par exemple ou encore mieux, une des scènes finales dans le couloir.<br /> <br /> Belle remarque pour la scène de l’ascenseur, elle est parfaite, à couper le souffle.
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M
Je pense que Drive on n'accroche ou on n'accroche pas, c'est dur à expliquer. <br /> Ca me rappelle un peu Elephant que je n'avais pas du tout aimé, j'avais du lutter pour le voir en entier et ne pas m'endormir, alors qu'on revient un peu dans le même schéma de la forme, l'esthétisme, qui ont un quasi monopole.
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F
en fait je crois cerner notre différence de perception: dans ta critique tu parles d'héros trés loin des métrosexuels bavards si présents dans le cinéma d'aujourd'hui... et c quand meme le genre de personnages que je préfère que ce genre de taiseux qui dit 2 mots par heure: ot( 'je n'en démordrais pas : le personnage de gosling ne peut exister que sur un écran de cinéma et pas dans la vraie vie, du moins je n'en ai jamais croisé :o)...<br /> pour les personnages de mafieux tu as tout à fait raison, ils font bien penser à ceux des films des maitres dont tu parles... je pense qu'en ce qui me concerne ce sont les histoires de mafia qui me lassent un peu, j'en ai trop vu quand j'étais gosse...<br /> bon cela étant dit je cherche la petit bete par ce que tout le monde a adoré le film car en fait la nuit aprés l'avoir vu j'en ai pas mal révé... c quand meme une putain d'atmosphère qu'il arrive à crééer la dessus je suis totalement d'accord avec toi... bon début de we Potz...
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P
Comme tu le sais, j'ai adoré et je n'en démords pas. C'est bizarre parce que j'ai trouvé que les personnages étaient bien dessinés. Et je n'ai pas non plus trouvé les personnages de mafieux plus ridicules que ceux croqués par Coppola, Scorsese ou DePalma...<br /> Bon, après l'émotion est quelque chose de subjectif... Dommage qu'il t'ait laissé sur ta faim... Perso, j'ai eu du mal à me le sortir de la tête et j'écoute encore la B.O en boucle.
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Festival Sport, Littérature et Cinéma
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