La Délicatesse: délicat, et plus encore...
Chaque année à la même époque, le cinéma français nous propose une comédie qui fait office de confiserie idéale pour la période des fêtes : charmante et acidulée en même temps, sa finalité est de nous faire ressortir de la salle de cinéma le sourire aux lèvres et le moral en hausse. L'année dernière c'était Les Emotifs anonymes qui jouait ce rôle, et cette année, c'etait à La Délicatesse d'essayer de faire oublier aux spectacteurs la nouvelle année, et les mauvaises nouvelles qu'elle traine avec elle (les triples A des infos et les triples buses que l'on croise dans la vie de tous les jours).
Et en général, même si je suis a priori plus interessé par les films plus sombres, j'aime bien m'offrir cette parenthèse enchantée pendant les vacances de Noël. Du coup, en 2010, j'étais sorti déçu du film de Jean Pierre Amaris, j'ai fait de même en cette fin 2011 en allant voir le film des frères Foenkinos, et j'en suis ressorti plus convaincu et plus charmé.
Et pourtant, au début de la projection, avec la première scène de la rencontre entre François et Nathalie (Pio Marmai et Audrey Tautou), je me suis dit que ce n'était pas forcément une bonne idée d'aller voir ce film.
En effet, j'avais lu le livre il y a un an environ, et le souvenir de l'histoire et des dialogues étaient encore tout frais dans mon esprit, donc je n'allais pas vraiment être surpris par l'intrigue. Mais en fait, très rapidement, je me suis laissé porter par le vrai charme de cette tragi comédie, qui aborde des sujets graves, comme le travail de deuil et la dictature de l'apparence, mais de façon toujours un peu légère et décalée, comme Foenkinos sait si bien le faire dans ses écrits.
D'ailleurs, si, au niveau de la mise en scène, tout n'est pas forcément exceptionnel, et que les frères Foenkinos parsèment ici et là quelques fausses bonnes idées qui tombent à plat (normal pour un premier long), d'autres sont vraiment bienvenues. Et la partition musicale est un vrai plus par rapport au bouquin: composé par Emilie Simon (chanteuse que j'avais vu à Fourvière en 2010 en première partie de Benjamin Biolay) qui a connu également la perte tragique de son compagnon (décédé de la grippe A en Grèce), les morceaux habillent le film d'une grâce infinie, mélancolique, mais jamais larmoyante.
Et surtout, le film dans son ensemble ne fait pas mentir son titre : délicat, mais aussi pudique et d'une drolerie pas imposante ni surlignée. La délicatesse est en fait un film lunaire et assez irrésistible, comme le personnage joué par François Damiens, qui ne fait mentir aucune des promesses tenus dans ses rôles précédents, et même bien au delà. Ici, avec un personnage qui sort de sa chryslaide grâce à la force d'une rencontre amoureuse, Damiens nous livre une partition peut etre moins hilarante, mais tellement plus riche que tous les bas de plafond que l'on a vu dans ses autres films.
Du coup, on se demande un peu pourquoi le couple intrigue autant tous les personnages secondaires du film, surtout que personnellement, je suis toujours un peu dubitatif sur le charme absolument irrésistible d'Audrey Tautou, sensé jouer à la fois une fille qui fait tomber tous les mecs à ses pieds et une chef d'équipe à poigne, et difficile de la trouver à 100 % crédible dans ces deux rôles, tant elle fait plutôt petite chose fragile et minaudeuse.
Cela dit, leur duo sonne vite comme une évidence, et leurs têtes à tête (au théâtre ou au restau chinois) donnent des moments vraiment délicieux qui contribuent beaucoup au plaisir pris par cette Délicatesse, le dernier cadeau cinématographique de cette année 2011 (du moins dans les salles obscures).
LA DÉLICATESSE : BANDE-ANNONCE Full HD Avec Audrey Tautou, François Damiens,...