Le dernier lapon : un livre hivernal qui... réchauffe!!
Après vous avoir parlé d'une de mes grosses déceptions littéraires de la rentrée avec le Home de Toni Morrisson, il est quelque peu normal que, le même jour, je contrebalance cette mauvaise impression, en vous parlant d'un de mes derniers coups de coeur littéraires, Le dernier Lapon, d'autant plus que ce livre est hélas passé un peu inaperçu, du moins je trouve qu'on n'en a pas autant parlé qu'il le méritait à mes yeux.
Cependant, je dois reconnaitre sans faire preuve de mauvaise foi que c'est quand même grâce aux médias, et particulièrement grâce à Télérama qui l'avait inclus parmi ces coups de coeur de la rentrée littéraire que j'avais très envie de lire ce livre. Plus précisemment, c'était dans la catégorie des "5 polars de la rentrée" que ce livre avait été classé, et en fait je dois dire que si ce livre est effectivement un polar, il me semble trop réducteur de le classer seulement dans ce genre littéraire, tant le livre traverse aussi ( comme tous les très grands polars du reste)d 'autres contrées que celle de l'enquête policière.
Ce roman est donc avant tout extrêmement instructif puisqu'il nous amène dans une région que l'on connait que très peu. En effet, l'action du livre, conmme son titre peut l'indiquer, se passe au-delà du Cercle Polaire, dans une région qu'on imagine fortement immaculée et avec un peuple indigène que l'on connait tout aussi mal : le peuple Sami .
L'auteur, Olivier Truc , journaliste français vivant à Stockholm et correspondant pour divers journaux des pays scandinaves, nous emmène sur les traces des ski-doo de deux flics de la Police des rennes, là haut, tout en haut, à Kaütokeino, là où Norvège, Suède et Finlande s'enchevêtrent par dessus ce qui était la Laponie.
Dans cette bourgade de Kaütokeino, est dérobé un jour un tambour sacré dans un musée local. Un de ces tambours si hautement symboliques, que dans les années 1700, les pasteurs évangéliques s'évertuaient à brûler pour éradiquer la sauvagerie et le paganisme. On soupçonne les fondamentalistes protestants laestadiens. . Outre cet acte déjà gravissime, un meurtre d'un éléveur de renne vient envenimer l’affaire. Un assassinat d’autant plus terrible qu’il est cruel et barbare.
C’est donc ce duo étonnant d'inspecteurs, Kelmet et Nina, de la Brigade des rennes (bah, oui, nous sommes en Laponie) qui va mener l’enquête avec pour mission de lever le voile sur les deux affaires et trouver les coupables. Les personnages sont bien campés, bien décrits. Olivier Truc dresse d'ailleurs toute une galerie de personnages finement campés et souvent en proie à des questionnements d'identité, tels que cet Kelmet qui ne sait plus s'il est vraiment un Lapon ou un Suédois.
Cet événement permet à l'auteur de nous faire découvrir un peu de l'histoire et des traditions du peuple Sami (les tambours, les persécutions notamment par les pasteurs luthériens, les difficultés rencontrées à cause des politiques menées vis à vis d'eux dans les pays voisins.). Et notamment cette façon qu'ont les Norvégiens, pasteur, paysan ou flic, de mépriser ouvertement le peuple Sami, et de les traiter sensiblement de la même façon qu'on pu le faire certains peuples colonisateurs, ou les Américains avec les indiens.
Mais cette partie ethnographique du livre n'empiète pas pour autant sur l'aspect polar, l'enquète se suivant avec un vrai intéeret et ne ménage pas fausses pistes et rebondissements. Et défintitivement, Olivier Truc sait instaurer une ambiance parfaite, et on a vraiment l'impression d'y être dans ces immensités vierges peuplés de millierss de rennes d' aurores boréales et ces derniers jours de nuit polaire. Le livre renferme en effet de bien belles descriptions de la Laponie centrale qui, autant que l'enquête proprement dite, savent captiver le lecteur.
En lisant ce roman, je me suis surpris à remonter le chauffage et prendre une couette supplémentaire...Mais n'attendez pas pour autant l'été prochain pour le lire, pensez au contraire aux fêtes de fin d'année pour vous laisser happer par ce dernier Lapon...