Geluck, bien plus drôle avec son Chat..
Je ne l'ai pas forcément souvent dit sur ce blog, mais mon père ayant eu un rapport privilégié avec la Belgique (il est né juste à la frontière, et y a vécu pas mal de temps durant son enfance), j'aime particulièrement les résidents du plat pays, et j'apprécie notamment l'humour belge, cet humour fait de plein d'autodérision et de non sens en même temps.
Un des représentants les plus décapants de cette belgitude de l'humour qui a envahi nos contrées ces vingt dernières années est, sans contestation possible, l'hilarant Philippe Geluck passé à la postérité notamment depuis ses cultissismes chroniques chez Michel Drucker. Mais avant cela, je me souviens avoir visité son exposition au Musée des Beaux arts de Paris en 2003 et avoir été totalement sous le charme de son humour iconoclaste et bien évidement de son si irrésistible personnage du chat, le maitre des lieux de cette exposition toujours aussi si sentencieux et hilarant .
Geluck possède certes un humour qui ne plait pas à tout le monde, mais, personnellement, sa finesse d'esprit et son humour un peu pince sans rire m'a toujours ravi, de telle sorte qu'il est surprenant que je n'en ai encore jamais parlé ici même.
Mais en cette rentrée 2013, je ne peux plus passer sous silence mon grand intérêt pour Geluck, vu qu'il a une double actualité littéraire, par le biais d'un nouvel épisode de son fameux chat, ainsi qu'un essai humoristique, qui pose la seule bonne question qui vaille la peine : peut-on rire de tout?
1. BD: LA BIBLE SELON LE CHAT (ed Casterman)
On connaissait les 10 commandements ( notamment grâce au cinéma et à Charlton Heston), mais on ignorait le onzième commandement« Tu riras de tout, car, vu qu’on va tous crever un jour, seul l’humour te permettra d’avoir un peu de recul sur les vicissitudes de l’existence ».
Ce commandement, que Geluck fait dire à son chat gris bedonnant à la fin de son 18 ème volet du Chat, La Bible selon le chat, l'auteur le met en application de très brillante manière avec ce projet bien périlleux et délicat sur le papier, mais qui réussit parfaitement son pari après lecture.
Geluck a en effet eu l'audacieuse idée de revisiter l'Ancien Testament et la Genèse de l'Univers à travers l'intervention de son Chat en Dieu absolu un peu bèbête et parfois très maladroit. En bon mégalo qu'il est, qui d'autre que le Chat lui même pour jouer, habillé d'une toge blanche, le rôle de Dieu, qui va diriger la création, Adam et Eve, le péché originel, les éléments, les animaux, l'arche de Noé... Tout ça accompagné de son acolyte le mouton (né le sixième jour d'un nuage auquel il a assemblé quatre pattes et une tête, pour le soutenir) et de sa femme, la Grande Faucheuse en personne.
Divisé en deux livres bien distincts ; le premier "dans lequel Dieu va créer des tas de choses épatantes" et le second "dans lequel Dieu va créer l'homme et la femme avec l'aide de son ami le mouton", " Dieu le chat va à chaque fois se retrouver dans des situations de plus en plus invraisemblables et de plus en plus tordantes pour le lecteur, du moins celui qui ne se choque pas pour ce qui pourrait apparaitre, pour les plus pratiquants, comme de vrais sacrilèges.
Cette "Bible selon le chat" est une grande première pour Philippe Geluck puisque c'est la première histoire longue avec Le Chat, dont les histoires ne dépassaient alors pas la simple plage. Plus c'est long, plus c'est bon, aurais je tendance à dire, car pour son premier long, le Chat (et Gelluck accessoirement) ont fait très fort, puisque c'est carrément la création de l'univers dans son entier qui passe sous le trait féroce, décapant et désopilant de l'illustrateur et humoriste belge.
Bref, Un pari osé sur le papier, mais qui est plus que réussi à la lecture cette fort joussive BD.
2. ESSAI: PEUT -ON RIRE DE TOUT? (ed JC Lattès)