Gébé, j'ai vu passer le Bobsleigh de Nuit
Gébé était complètement fou, d’une folie douce et rare qui ne se lassait jamais d’inventer, de soulever l’épais rideau de la réalité pour nous précipiter dans sa réalité à lui. Il exigeait de son lecteur d’être à son tour un peu fou, de lâcher le fardeau de la raison.
Gébé éclatait de rire. Gébé hurlait contre les salauds, les imbéciles, les couards. Il rêvait d’un monde meilleur et peu d’artistes ont su comme lui l’entrevoir, lui donner une image et des mots. Mais dans ces pages, il s’agit moins de l’utopiste que du rêveur, de l’enchanteur qui, de sa plume pleine et déliée, redessine les contours de la vie intérieure.
C’est donc à un voyage tout à fait inhabituel que cet album nous invite, un voyage dans la pensée, dans l’imagination, dans l’enfance, comme lorsque le bobsleigh vint une nuit cueillir Gébé à sa fenêtre.
L'auteur :
Je connaissais un peu l'oeuvre de Gébé, ancien rédacteur en chef de Hara-Kiri, puis directeur de Charlie Hebdo, hebdomadaire dans lequel il dessina chaque semaine jusqu'à sa mort, survenue en 2004, mais pour moi, Gébé était essentiellement un illustrateur polémiste et satririque, anarchiste, presque révolutionnaire, bref assez proche à mes yeux de l'oeuvre d'un Gotlib que nous avons longuement défendu.Or, dix ans après sa disparition, ce très bel album paru dans l'excellente maison d'édition "Les cahiers dessinés", nous proposer d'élargir la vision que l'on a de l'artiste et nous montre une facette résolument originale à travers de planches et de dessins parus pour la plupart dans Hara-Kiri, Charlie Mensuel, Pilote et Charlie Hebdo, mais qui n'ont pas fait l'objet d'une édition. Une belle occasion de voir une oeuvre plus accessible, plus poétique et mélancolique qu'hilarante, proche parfois du fantastique.
Aussi, pour mieux apprénder cette veine plus poétique de Gébé, trois textes permettront de mieux connaître l'homme son ouvre, signés Cavanna, Delfeil de Ton et Frédéric Pajak.