Un homme très recherché: le film d'espionnage à son meilleur
Sorti il y a déjà un mois dans une relative confidentialité, et connaissant de surcroit un succès plus que relatif en salles (on imagine sans difficulté que les spectateurs n'ont pas eu envie de se plonger dans une histoire de terrorisme en pleine actualité Hervé Gourdel), "Un Homme Très Recherché" est pourtant un film à marquer d'une pierre blanche au moins pour deux raisons plus que valables.
D'une part, il constitue une référence indéniable dans le genre thriller d'espionnage, une sorte de "film étalon" auquel les prochains films d'espionnage pourront se référer.
En effet, loin d'être la première adaptation d’un roman du célèbre écrivain britannique John Le Carré (qui a déjà eu droit aux honneurs du 7ème Art avec notamment "The Constant Gardener", "La Maison Russie", "Le Tailleur de Panama" ou plus récemment "La Taupe"), ce film est certainement un des plus compréhensibles.
En effet, contrairement à de nombreux longs métrages du genre (et notamment le récent "La Taupe", tiré d'un autre roman de Le Carré assez incompréhensible malgré d'indéniables qualités formelles), l'intrigue apparaît ici limpide, intelligible, et surtout et, avant tout, parfaitement scénarisée. On a l'impression que le cinéaste a tenu à épurer l'intrigue au maximum, pour être au plus près de ses personnages, comme c'est souvent le cas dans les romans de Carré.
En lien direct avec l'actualité du moment, comme je l'ai dit plus haut ( mais pour moi c'est au contraire un plus indéniable pour y aller), cet "Homme très recherché" démontre aussi l'un des combats contre lequel l'Occident doit faire faire face : la lutte contre le terrorisme international.
En prenant soin d'éviter le manichéisme inhérent à ce genre de scénario qui est de diaboliser l’ennemi présumé, le récit, subtil, se permet le luxe de dénoncer les méthodes brutales utilisées dans la guerre contre le terrorisme par Les USA, représenté par une Robin Wright Penn particulièrment à son aise.
Si la mise en scène d' Anton Corbijn est particulièrement élégante et esthétique ( sans être esthétisante), grâce à une photographie très travaillée, donnant à la ville d'Hambourg un côté blaffard, presque fantastique, le deuxième atout indéniable du film, qui devrait le ranger plus tards parmi les futurs films cultes, est bien entendu la dernière prestation à l'écran du génial Philip Seymour Hoffman dont j'ai dit plusieurs fois qu'il était un des meilleurs acteurs de sa génération.
Ici, tout en sobrieté, en fragilité, en pudeur, sa prestation impressionne tant elle est charsimatique. Il faut dire une fois de plus à quel point Philip Seymour Hoffman crève totalement l'écran dans un personnage taillé pour lui, tant la personnalité complexe du personnage de Gunter, le chef du servie d'espionnage allemand, imaginé par Le Carré, ,manipulateur sur les bords mais aussi compatissant, offre un écrin exceptionnel à Seymour Hofman qui s'en tire avec merveille, accompagné par un casting particulièrement solide (en plus de Robin Wright, Rachel Mac Adams, et Willem Dafoe sont tout autant remarquables).
Et la dernière scène, particulièrement cruelle pour le personnage (sans spoiler davantage), ne fait que rajouter à l'émotion de savoir qu'on ne reverra plus ce génial acteur dans un autre rôle que ceux qu'on a adoré avec lui....
"Un homme très recherché", dernier film de Phillip Seymour Hoffman - cinema
Et parrallèlement à la sortie du film, Les Editions Points réédite le livre dans lequel je me suis plongé dans la foulée et si l'intrigue m'a paru un peu plus complexe moins claire que celle du film, la lecture démontre que les livres de Carré sont des romans dans lequel le récit a moins d'importance que les personnages pour lesquels on s'attache bien plus dans des romans d'espionnage.
A lire en priorité pour ceux qui ont raté le film en salles et qui veulent vérifier que l'espionnage ne résume pas qu'à 007.