Baz'art  : Des films, des livres...
17 février 2015

Leviathan, Still the Water: quand les beaux films cannois m'ennuient un brin

 Il arrive parfois que certains grands films unaniment salués par la critique et les cinéphiles ne rencontre chez moi qu'un enthousiasme très modéré, malgré les évidentes qualités du film en question.

Il en va ainsi de deux films sortis tous les deux le même jour en DVD, à savoir le 3 février dernier.

Ces deux longs métrages, de metteurs en scènes internationaux reconnus par le monde du 7ème art furent tous les deux  présentés en sélection officielle à Cannes l'an passé, et dans l'ensemble, ils avaient énormément plu aux festivaliers puis ensuite à pas mal de journalistes et blogueurs lors de leur sorties en salles.

Je n'étais pas allé les voir en salles car je craignais un peu qu'ils ne soient visuellement splendides, mais trop contemplatifs et étirés pour passionner...

Bref, des films beaux mais ennuyeux... et vous savez quoi? , en les voyant en DVD, je me suis rendu compte que mes craintes étaient malheureusement totalement fondées...

Pourquoi ces deux films cannois m'ont ennuyé alors que Winter Sleep, autre grand film cannois (très) long et contemplatif m'a envouté? Difficile d'y répondre, mais on va tenter de trouver des explications avec ces deux petites chroniques : 

1. Leviathan, : la Russie grangénée d'Andreï Zviaguintsev

lzviathan

 Léviathan, ce film russe d' Andreï Zviaguintsev présenté en compétition au dernier Festival de Cannes et reparti avec un Prix du Scénario dans les valises, et que d'aucuns ( et notamment mon cher co rédacteur Michel) auraient volontiers mis dans leurs films préférés de cette croisette.

Je n'ai pas vu le film lors de sa sortie en salles en septembre dernier, mais lorsque je l'ai rattrapé pour sa sortie DVD , je dois dire que les 2h 20 que dure le film m'ont semblé être un peu longue et difficile et que j'ai eu un peu de mal à comprendre le prix du Scénario à Cannes...

 Léviathan c’est le  saissisant portrait amer d’une Russie touchée par la corruption et l'absence de pitié des nantis  face à petits ceux qui n’ont pas la parole face à ceux qui ne l’ont que trop. A travers l'histoire de Kolia, qui refuse de laisser sa maison au maire de la ville pour que celui-ci y construise autre chose, "Léviathan" en dit long sur la situation actuelle de son pays.

Andreï Zviaguinstev  pose ainsi sur son pays un regard cynique et amer sur son pays, gangréné la corruption des politiques soutenue par l’Église.

Bref, une peinture très sombre et qui manque à mon sens d'un peu de nuance pour éviter la caricature et le manichéisme... et le scénario, pourtant récompensé à Cannes, ne fera que dérouler sans trop de surprise le programme attendu de la chute d'un pauvre paysan face aux pouvoirs publics qui veulent l'exproprier, avec notamment de longues scènes d'énoncés de procès verbal d'expropriation qui manque d'elipse."

Si Leviathan" en dit plusbeaucoup sur le malaise qui ronge  la Russie, on préfera à ce scénario trop schématique la mise en scène, et notamment ce superbe décor de cette  maison familiale  située au bord d’un lac.

Mais, hélas, la caméra d'Andrei Zviaguintsev aussi maitrisée soit elle, ne se déparera jamais d'un rythme  un peu trop lent et d'une approche un peu trop austère pour nous plonger dans cette si noire Russie.

 Bande-annonce : Leviathan VOST

 2.  Still the Water :le Japon  aquatique et chamanique de Naomi Kawaze

STILL THE WATER - BRDDepuis plus de 15 ans, la réalisatrice japonaise Naomi Kawaze fait partie des réalisateurs invités très régulièrement au Festival de Cannes. Caméra d'Or avec "Suzaku" en 1997, elle est revenue en compétition officielle en 2003 avec "Sharasojyu", en 2007 avec "La forêt de Nogari" (Grand Prix du Jury), en 2011 avec "Hanezu, l'esprit des montagne" et, en 2014 avec "Still The Water". Personnellement, j'avais vu la Foret de Nogari, mais je dois dire que le film, visuellement splendide, mais au traitement par trop soporifique,  m'avait assez vite profondément ennuyé.

Il faut dire que Naomi Kawase a développé un style bien à elle, principalement basé sur  des images très contemplatives mettant en valeur la beauté naturelle des paysages  du Japon, et accompagné d'une trame narrative souvent un peu épurée et éthérée.

Cela se retrouve également avec "Still The Water" qui privilégie une fois de plus la forme au fond. Il faut dire que le film est encore plus que Leviatan un vrai plaisir visuel :l'île d'Amami, où fut tourné ce film, est la seule île du Japon où les habitants vivent encore en parfaite harmonie avec la nature et où subsiste des chamanes qui  invoquent les dieux qui sont supposés s'y trouver.

L'île récèle ainsi de trésors et de décors  que Kawaze ne manque pas de valoriser et qui, à coup sur,  laisseront bouche-bée d'admiration les amoureux de la nature.

Il se dégage ainsi de ces très belles images une vraie poésie  profondément élégiaque, un lyrisme profond mais que  la narration, trop décousue et trop naive ( l'apprentissage de la jeune fille de la chamane et de son jeune soupirant font plus que frôler la mievrerie)  ont tendance à  plonger le spectateur, même pétri de bonne volonté, dans la léthargie.

D'autant plus que Naomi Kawaze semble avoir du mal à finir son film, et que la  deuxième heure, qui semble assez répétive sur les messages que le film veut mettre en avant,  a davantage de mal à passer. 

Bref, une petite déception mais qui pourraient parfaitement envouter ceux et celles qui s'y laissent porter sans trop chercher la petite bête...

"Still The Water" (Futatsume No Mado) bande annonce

BONUS

- Katatsumori court-métrage de Noami Kawase (40 MN)

- Amani court-métrage de Naomi Kawase (5 MN);

- Entretien avec Naomi Kawase (8 MN)

Commentaires
A
Je voulais voir Still the water, je suis passée à côté, mais finalement sans vrai regret !
Répondre
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